La quatrième génération de téléphonie mobile, qui permet des débits beaucoup plus élevés qu'aujourd'hui, commence à émerger, un développement attendu alors qu'apparaissent des problèmes de saturation de réseau, liés à l'usage des téléphones intelligents.

Avec la démocratisation de l'internet mobile, via les clés 3G à brancher sur un ordinateur portable ou les téléphones intelligents popularisés par l'iPhone, le trafic de données a été multiplié en moyenne par deux ou trois.

Conséquence: «certains opérateurs sont victimes de leur succès, avec des phénomènes de saturation dont les plus importants ont été notés aux États-Unis, sur le réseau d'AT&T, et en Angleterre, sur celui de O2», souligne Frédéric Pujol, analyste à l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate).

À Paris, «on commence à rencontrer des problèmes dans le quartier de La Défense», même si les opérateurs français nient toute difficulté, indique Pierre Péladeau, directeur général du cabinet de conseil Booz & Company, à l'occasion du congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone.

Et la situation va encore s'aggraver: d'ici à 2015, le trafic de données lié aux téléphones intelligents va être multiplié «par 100», selon Ahmed Guetari, responsable technique chez l'équipementier Juniper Networks. Or, «les réseaux ne sont pas conçus pour ça».

La quatrième génération, ou 4G, doit permettre de répondre, au moins en partie, à ce phénomène. En théorie, grâce à la norme technique qui l'accompagne, le LTE (Long Term Evolution), elle doit permettre des débits pouvant aller jusqu'à 100 mégabits par seconde, soit pour les usagers des connexions trois ou quatre fois plus rapides que ceux de la 3G.

Le premier déploiement commercial a eu lieu en décembre à Stockholm (Suède), sur le réseau de Teliasonera.

Outre l'Europe du Nord, les États-Unis figurent parmi les pionniers, avec le Japon, la Corée du Sud et la Chine. En revanche, «en Europe, les gros opérateurs, comme Orange, Vodafone, Telefonica, sont un peu en retrait et attendent pour se lancer», souligne M. Pujol.

D'après la GSMA, l'association mondiale des opérateurs, 74 ont déjà prévu des essais ou des déploiements. En attendant le passage, progressif, vers la 4G, ils continuent à investir pour améliorer les réseaux actuels.

Le LTE représente des sommes «très significatives pour les opérateurs: nous chiffrons l'investissement à environ 2 milliards d'euros pour un pays de 50 millions d'habitants», explique M. Pujol, tout en précisant que cette technologie leur permettra ensuite d'économiser sur les coûts d'acheminement des données.

Entre les équipementiers, la bataille est rude pour obtenir les contrats, les Européens voyant d'un mauvais oeil l'arrivée des Chinois qui pratiquent des prix souvent bien inférieurs.

En Scandinavie, le chinois Huawei a obtenu le contrat pour la Suède du consortium regroupant Tele2 and Telenor et une partie de celui de Teliasonera à Oslo. Il espérait participer au déploiement dans le reste de la Norvège, mais le suédois Ericsson et le germano-finlandais Nokia Siemens Networks ont finalement remporté la partie.

AT&T a par ailleurs annoncé la semaine dernière avoir choisi Ericsson et le franco-américain Alcatel-Lucent, déjà sélectionnés il y a un an par son concurrent Verizon.

«Facteur de retard» probable du déploiement: «la disponibilité des terminaux et leur prix», selon M. Pujol. Le premier terminal lancé est une clé 4G conçue par Samsung. D'autres devraient suivrent. En revanche, les premiers téléphones ne sont pas attendus avant fin 2010/début 2011.

En termes de clients, le LTE devrait véritablement décoller à partir de 2013-2014. Et 400 millions devraient en bénéficier en 2015, selon l'Idate.