Une petite société américaine qui propose de transformer le débit internet en signal de téléphonie mobile s'attire les foudres des grands opérateurs avec une technologie restée jusqu'ici leur chasse gardée.

Présenté cette semaine au grand salon de l'électronique de Las Vegas, le MagicJack («prise magique») qui devrait être vendu 40 dollars au printemps, se branche sur un ordinateur connecté à internet.L'appareil de la société YMAX, qui utilise la technologie récente des femtocells (petite station de base à usage domestique), transforme alors la liaison haut débit en signal de téléphonie cellulaire 2G, dans une zone d'environ 280 m2, et permet de téléphoner sans dépenser une minute de forfait.

L'utilisateur doit seulement payer un abonnement annuel (20 dollars) au fabricant du MagicJack.

Le problème, pour Simon Saunders, président de l'association Femto Forum qui réunit fabricants d'équipements et opérateurs téléphoniques, c'est que YMAX utilise des fréquences sans autorisation.

«J'imagine que les opérateurs vont apporter une réponse» au MagicJack, dit-il à l'AFP, mettant en doute la légalité de l'appareil.

«Dan Borislow, fondateur et inventeur du MagicJack, a assuré que cette technologie n'allait pas utiliser de fréquences appartenant à d'autres», réplique Kari Hernandez, une porte-parole de YMAX qui rejette ces accusations.

«D'un point de vue technique, vous pouvez émettre sur des fréquences non attribuées, cela ne veut pas dire que vous en ayez le droit», rétorque M. Saunders.

Mais pour Mme Hernandez, l'appareil «ne viole pas les règles de l'autorité des communications» (FCC), dans la mesure où il émet un signal trop faible pour provoquer des interférences.

Jusqu'à présent, seuls des opérateurs téléphoniques classiques fournissaient des femtocells, à un prix élevé et avec un surcoût d'abonnement.

Le numéro deux français de la téléphonie mobile SFR s'y est mis en novembre, avec son service «SFR Home 3G» au prix de 199 euros par boîtier. Aux États-Unis, les réseaux Verizon et Sprint proposent aussi des femtocells, et AT&T les expérimente.

Pour M. Saunders, les femtocells approuvées, qui ont l'allure d'un routeur branché directement sur une prise haut débit, ont une puissance bien plus grande que le MagicJack. Elles permettent d'accéder à un réseau 3G et d'échanger des données même avec un téléphone classique dépourvu de liaison wifi. En outre, le rayon des femtocell 3G est plus étendu (465 m2).

«Très clairement c'est une technologie d'avenir», indique à l'AFP le directeur général marketing et grand public de SFR Jean-Marc Tassetto: l'usager y trouve son compte avec un confort amélioré. Du côté de l'opérateur, «tout le trafic mobile va passer par» le haut débit internet, et du coup «la femtocell est un moyen de délester du trafic mobile» et donc de réduire l'engorgement des réseaux.

Jusqu'à présent, YMAX s'était fait connaître avec un appareil plus simple déjà vendu à plus de cinq millions d'exemplaires aux États-Unis depuis deux ans, qui permet des liaisons téléphoniques classiques avec un branchement internet.