Le fabricant américain de l'iPhone, Apple, a annoncé vendredi qu'il poursuivait à son tour le numéro un des téléphones mobiles, le Finlandais Nokia, qui avait porté plainte aux Etats-Unis en octobre contre lui pour violation de brevets sur l'iPhone.

Apple a indiqué qu'il portait plainte contre Nokia devant le tribunal fédéral de l'Etat du Delaware (est), en lui reprochant de violer 13 de ses brevets, sans spécifier quelles technologies ni quels appareils étaient visés.

«Les autres sociétés doivent nous affronter en inventant leurs propres technologies, pas en nous volant les nôtres», a seulement souligné le directeur juridique d'Apple, Bruce Sewell, cité dans un communiqué.

Une porte-parole de Nokia, Arja Suominen, jointe par téléphone à Helsinki, a promis d'apporter «une réponse le temps venu» après avoir étudié les détails de la plainte d'Apple.

Nokia avait porté plainte contre Apple en octobre devant le même tribunal, accusant l'iPhone de «violer des brevets de Nokia sur des normes GSM, UMTS et LAN sans fil», des technologies majeures de téléphonie mobile.

Le Finlandais accuse Apple de violer 10 de ses brevets liés à tous les modèles d'iPhone, recouvrant notamment «la transmission de données sans fil, le codage vocal, le cryptage et la sécurité».

Nokia, dont la part de marché a reculé ces dernières années au profit notamment du nouveau téléphone de l'Américain (35% des téléphones multifonctions vendus dans le monde au troisième trimestre, contre 41% un an plus tôt), n'avait pas chiffré le montant de ses prétentions.

Selon les analystes, l'enjeu pourrait être considérable, une condamnation ayant le potentiel de coûter un milliard de dollars à Apple.

La contre-attaque d'Apple semblerait indiquer que le fabricant de Cupertino (Californie, ouest) préfère combattre plutôt que de concéder des dédommagements, au risque que les procédures s'éternisent.

Dans sa plainte de 79 pages, Apple affirme qu'«en réaction» au succès de son téléphone, «Nokia a choisi de copier l'iPhone, et spécialement son interface d'utilisation, extrêmement populaire» - et que, parallèlement, Nokia a demandé des droits d'utilisation injustifiés pour l'utilisation de technologies qui sont simplement des normes standard.

«Dans sa plainte Nokia a lancé des accusations de violation de brevet non fondées et violé ses propres engagements à proposer sous licence (...) des brevets qu'il avait lui-même décrits comme nécessaires à établir des normes», fait valoir Apple.

Nokia est également accusé d'avoir proposé d'échanger ses brevets standard contre les brevets «pionniers» du Californien, dans «un effort pour profiter à bon compte du succès commercial de l'iPhone (..) tout en évitant de risquer d'être poursuivi pour copie ou violation des brevets Apple».

Will Stofega, un analyste du cabinet de conseil IDC, s'est dit «étonné» par les accusations d'Apple sur l'interface, remarquant que Nokia travaillait avec le fabricant Symbian sur ces sujets.

Mais il a remarqué qu'avec sa riposte, Apple «veut être sûr d'être reconnu comme un leader incontesté» et que, pour se faire, il lui est indispensable de se «différencier» de ses concurrents.

Les conflits pour violation de brevet sont monnaie courante mais leur issue est difficile à prévoir. En juillet, Nokia avait soldé deux ans de litige avec le fabricant de composants Qualcomm, pour un montant non précisé, avant de conclure un accord de partenariat.

L'action Apple cédait 0,92% à 194,63 dollars vers 17h30 GMT à la Bourse de New York.