Vous êtes dans une bretelle d'autoroute. Devant vous, un automobiliste s'impatiente parce que la voiture devant lui n'accélère pas assez vite. Il klaxonne à répétition. Dès qu'il peut, il passe dans la voie de gauche pour dépasser le lambin en gesticulant dans sa direction et en klaxonnant une dernière fois. Quelque chose dans la conduite de l'automobiliste plus lent l'irrite visiblement. Quand vous dépassez ce dernier, vous constatez qu'il a un téléphone collé à l'oreille.

Une étude américaine confirme que ce type de situation est l'un des désagréments majeurs du téléphone portable en voiture. Parler au téléphone, même avec un dispositif mains libres, augmente de 2 à 3% la durée d'un trajet parce que les automobilistes ralentissent pour compenser la diminution de leur attention.

«On pourrait penser que c'est une bonne nouvelle», a expliqué l'auteur de l'étude, David Strayer, de l'Université de l'Utah, qui travaillait pour le Transportation Research Board du gouvernement américain. «Mais je suis sûr que la baisse de vitesse ne compense pas l'augmentation du risque. De plus, ce comportement cause des pertes de dizaines de millions de dollars à cause des bouchons de circulation qu'il cause.»

Aux fins de l'étude, 36 étudiants de psychologie de l'université ont fait quatre fois, sur simulateur, un trajet de 16 km sur des autoroutes à deux et trois voies. Durant l'un de ces quatre trajets, ils parlaient au téléphone mains libres avec un expérimentateur qui s'assurait que la conversation était soutenue.

«Nous avons conçu la simulation de façon que, de temps à autre, le véhicule se retrouve derrière un autre plus lent et qu'il faille le dépasser pour aller à la vitesse maximale, a dit M. Strayer au cours d'une entrevue téléphonique. Quand les cobayes parlaient au téléphone, ils restaient plus souvent derrière le véhicule lent, sans changer de voie pour le dépasser.»

Les utilisateurs de portables restaient 20% plus longtemps derrière un véhicule lent avant de le dépasser, mettaient 35% plus de temps à recouvrer leur vitesse après un freinage et gardaient avec les voitures qui les précédaient des distances de sécurité de 12% plus grandes. La vitesse moyenne ne diminuait que de 3 km/h et la durée du trajet augmentait de moins d'une minute. Mais quand on multiplie ce scénario par les millions de personnes qui parlent en conduisant, les coûts sont encore plus grands que ceux des accidents liés aux portables.

«Chaque heure de congestion coûte en moyenne 13$ par automobiliste, a souligné M. Strayer. Un accident coûte 5 millions, mais c'est un événement beaucoup plus rare. Si seulement 10% des automobilistes utilisaient leur portable, on parlerait déjà de dizaines de millions en coûts annuels liés à la congestion.»

Cela est d'autant plus injuste que les personnes qui parlent au téléphone portable ont souvent un revenu plus élevé, ce qui fait que leurs conversations de bureau en voiture ont une valeur beaucoup plus précieuse que les 13$ que coûte en moyenne la congestion.

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