La police de Laval est à mettre sur pied une campagne de prévention pour contrer les textos au volant, une habitude répandue sur son territoire... et fort risquée. «C'est encore pire que de conduire en état d'ébriété», avertit un chercheur américain, qui a révélé à La Presse les conclusions d'une étude à paraître.

«EVTZ TXTO ET VOLNT», «DNGREUX TXTO ET VOLNT», «ARETZ VS PR LS TXTO». C'est le type de conseil que les Lavallois pourront lire ce printemps sur des dépliants distribués dans les locaux de la Ville et les commerces de téléphones cellulaires.

 

Le lieutenant Daniel Guérin, porte-parole du Service de police de Laval, en a assez de voir des jeunes et des accros du Blackberry manier leur téléphone en voiture. Car en dépit de la nouvelle loi qui interdit de tenir un cellulaire alors qu'on est au volant, l'habitude est répandue, selon lui.

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Ni les corps policiers ni la Société de l'assurance automobile du Québec ne tiennent de statistiques sur l'ampleur du phénomène. Mais aux États-Unis, 77% des propriétaires de cellulaire admettent avoir déjà envoyé un texto ou un courriel en conduisant, selon un sondage de la firme Osterman Research publié en octobre.

«Ça existe sur notre territoire, et sur les autres territoires aussi, assure Martin Lachance, lieutenant à la sécurité routière du Service de police de Laval. Mes agents me disent qu'ils en voient et qu'ils en interpellent.»

La police de Laval se réunira cette semaine pour mettre sur pied sa campagne Zéro texto, qui doit avoir lieu ce printemps. Elle consistera à distribuer des dépliants inspirés de l'écriture abrégée typique des messages textes.

Autre offensive: les patrouilleurs lavallois porteront une attention particulière aux délinquants du texto dans la semaine du 29 mars au 4 avril. Bien que l'infraction soit difficile à déceler, les patrouilleurs connaissent quelques comportements révélateurs, indique le lieutenant Lachance, comme une voiture qui dévie de sa trajectoire ou un conducteur qui prête moins attention aux arrêts obligatoires.

Six fois plus dangereux

Les conducteurs qui «pitonnent» sur leur téléphone sont en effet moins attentifs à la route. «En fait, cette activité ne devrait tout simplement pas être pratiquée!», lance d'emblée David Strayer, professeur de psychologie à l'Université de l'Utah. Les travaux du chercheur portent sur l'attention et l'exécution des tâches.

L'année dernière, David Strayer et son collègue Frank Drews ont réalisé une recherche sur les textos et la conduite. Elle est actuellement en révision, mais M. Strayer a accepté de partager ses conclusions avec La Presse.

Les professeurs ont demandé à 40 conducteurs (dont certains avaient l'habitude d'envoyer des messages textes) de faire deux essais dans un simulateur de conduite. Dans le premier, ils devaient faire une balade sans aucune distraction. Ensuite, on leur demandait de refaire le même chemin en communiquant avec un ami par texto pour choisir le restaurant et le film de la soirée.

Résultat: le taux d'accidents a été au moins six fois plus élevé lors du second essai. À titre de comparaison, ce taux est quatre fois plus élevé lorsque le conducteur a un taux d'alcool de 0,08% ou encore lorsqu'il parle au téléphone, mains libres ou non, indique David Strayer.

«Avec les textos, le temps de réaction pour freiner est retardé de 40%, explique-t-il. Les conducteurs sont susceptibles de provoquer non seulement davantage d'accidents, mais aussi des accidents plus graves.»