Alors qu'elle s'apprête vraisemblablement à changer de main, BCE est incapable de suivre le rythme de ses rivaux dans le secteur névralgique du sans-fil.

L'entreprise a dévoilé mercredi des résultats de premier trimestre «largement conformes aux attentes», selon l'analyste Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale. Mais la division du sans-fil montre des signes de faiblesse devant sa concurrente Rogers.

Bell Canada n'enregistre qu'une augmentation de 28 000 abonnés nets à ses services sans-fil post-payés, le nerf de la guerre dans le secteur. Au cours des trois premiers mois de 2008, Rogers a ajouté 97 000 abonnés.

«Peut-être que les castors ne fonctionnent plus aussi bien», lance Troy Crandall, analyste en télécommunications de la firme MacDougall, MacDougall&MacTier.

M. Crandall souligne qu'à 64 $, le revenu par abonné aux services post-payés de Bell est resté le même qu'au premier trimestre de 2007. «Nous nous attendons généralement à une croissance d'une année à l'autre», dit-il.

Telus dévoile ses résultats du premier trimestre aujourd'hui et Troy Crandall s'attend à de bons résultats de leur part.

Le secteur du sans-fil représente donc un bon défi pour le groupe mené par la caisse de retraite Teachers', qui pourrait devenir le nouveau propriétaire de BCE dans les prochains mois.

«Le sans-fil est ce qui devrait contribuer le plus à la croissance de Bell, explique Troy Crandall. Mais la croissance ralentit et le sans-fil se montre moins profitable que l'an dernier.»

Résultats conformes aux attentes

Lors du premier trimestre de 2008, le bénéfice net de BCE a chuté, passant de 499 millions (69¢ par action) en 2007 à 258 millions (32¢ par action) en 2008.

Selon BCE, cette baisse est attribuable au développement du service internet haute vitesse dans 86 petites communautés, à la suite d'une décision du CRTC. En excluant les éléments exceptionnels, le bénéfice de BCE s'établit à 57¢ par action, en hausse de près de 10 %.

Les revenus ont augmenté d'à peine 0,1 %, atteignant près de 4,4 milliards. La croissance de Bell a été compensée par la disparition des revenus de Telesat, vendue en octobre dernier.

Même si BCE a perdu 106 000 abonnés aux services téléphoniques conventionnels, les revenus du secteur des services sur fil se sont maintenus, pour la première fois en deux ans.

Ces résultats risquent d'être les derniers dévoilés par BCE en tant que société cotée en Bourse. La direction s'attend à ce que la vente de l'entreprise soit conclue avant la fin du deuxième trimestre.

«Au cours du trimestre, nous avons fait des progrès importants vers la conclusion de la transaction [...] et livré de solides résultats financiers», a affirmé par voie de communiqué le président et chef de la direction de BCE, Michael Sabia.

Le CRTC a déjà approuvé la transaction, mais la Cour d'appel du Québec doit toujours rendre une décision dans une poursuite des porteurs de débentures.

Un risque

L'action de BCE a clôturé à 36,76 $ mercredi à la Bourse de Toronto, en hausse de 0,20 $. L'offre du groupe de Teachers' est de 42,75 $ par action.

Dans une note publiée hier, Jeffrey Fan, analyste chez UBS, recommande toujours l'achat du titre de BCE et croit aux chances de réussite de la transaction avec Teachers'.

Selon Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale, la question du financement représente toutefois un risque dans la transaction.

Il rappelle qu'aux États-Unis, Clear Channel et deux de ses acquéreurs potentiels accusent les banques d'avoir renié leurs promesses de financement.

«Or, ce sont ces mêmes banques qui sont impliquées dans la transaction pour BCE», note Greg MacDonald.

«Je crois personnellement que les banques vont financer l'achat et que la transaction se fera. Mais c'est vraiment important de reconnaître le risque là-dedans.»

Entente de principe

Par ailleurs, Bell Canada en est venu à une entente de principe qui représente ses 5000 techniciens au Québec et en Ontario.

Le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier a recommandé à ses membres d'appuyer l'entente, la troisième à être soumise au vote depuis le début des négociations, en octobre.

Les détails de l'entente n'ont pas été dévoilés. Il faudra plusieurs semaines pour consulter tous les employés concernés et récolter un nombre suffisant d'appuis.