Avec l'aide financière de géants américains de la haute technologie, les opérateurs télécoms Sprint et Clearwire vont créer aux États-Unis un réseau national WiMAX, le premier de cette ampleur au monde, qui pourrait révolutionner la téléphonie et l'internet mobile.

Sprint Nextel et son ex-rival Clearwire, société créée par le milliardaire Craig McCaw spécialement pour développer le WiMAX, vont regrouper leurs forces pour installer sur tout le territoire américain un réseau à cette norme, ont-ils indiqué mercredi dans un communiqué.

Cette nouvelle technologie de transmissions sans fil peut transporter des données en très haut débit sur plusieurs kilomètres, bien davantage que tous les systèmes actuels de téléphonie sans fil ou d'internet mobile (Wi-Fi).

La nouvelle société s'appelera Clearwire mais sera contrôlée par Sprint, qui en détiendra 51%, et les actionnaires actuels de Clearwire 27%.

D'autres alliés puissants soutiendront ce projet: les câblo-opérateurs Time Warner Cable (groupe Time Warner), Comcast et Bright House Networks, ainsi que le groupe Google et le leader des puces Intel. Ils injecteront au total 3,2 milliards de dollars dans le projet et obtiendront ensemble 22% du capital.

Clearwire a déjà acquis des fréquences destinées au WiMAX qui couvrent une large partie des États-Unis. Initialement concurrents, Sprint et Clearwire avaient décidé de s'unir pour faire face aux coûts de déploiement.

Ces dernières semaines ont déjà vu fleurir une série d'appareils équipés pour le WiMAX: Nokia et LG ont lancé des téléphones intelligents, Intel des commutateurs, Motorola des modems.

Plusieurs pays ont lancé des réseaux pilotes, y compris en France (le département du Loiret a été pionnier en Europe). En Inde, les groupes Tata et BSNL (Bharat Sanchar Nigam Limited) ont récemment annoncé le déploiement de réseaux WiMAX dans des dizaines de villes dans les deux ans, et un réseau a été installé en Australie.

Le réseau promis par Sprint et Clearwire a failli ne pas se faire, car Sprint affiche de lourdes pertes depuis sa fusion ratée avec Nextel, acquis en 2005 pour 35 milliards de dollars. C'est en rachetant Nextel que Sprint a récupéré de précieuses licences WiMAX. Sprint serait maintenant en négociations pour revendre Nextel, selon la presse américaine.

En théorie, le WiMAX pourrait rendre obsolète les plus récents réseaux 3G à peine installés et qui ont nécessité d'énormes investissements. Le WiMAX permettrait en effet des débits de 70 mégabits par seconde (Mbits/s) sur 50 kilomètres, alors que les antennes 3G offrent 150 à 350 kilobits par seconde sur quelques centaines de mètres ou quelques kilomètres.

C'est une solution idéale et peu coûteuse pour des zones rurales non raccordées à des réseaux ou des pays émergents: il suffit d'une antenne pour arroser de vastes régions. Il a été utilisé pour contacter les populations juste après l'ouragan Katrina et le tsunami de décembre 2006.

Mais le WiMAX traverse mal les obstacles et si les antennes arrosent de nombreux utilisateurs, ses capacités diminuent. Un réseau australien a récemment affirmé que les performances étaient décevantes.

Toutefois si les antennes sont placées sur des points élevées, elles fournissent un débit de données mobiles très supérieur au 3G.

«L'annonce de Sprint est très positive pour le WiMAX globalement», a commenté l'analyste d'ABI Research Philip Solis.

«Le WiMAX avance dans les pays émergent mais dans les pays développées, l'industrie attendait que Sprint essuie les plâtres, pour faire croître les volumes et baisser les prix», a ajouté M. Solis.