Tout récemment, Google et Microsoft ont dévoilé d'ambitieux projets dans le domaine de la santé. Il n'en fallait pas plus pour remettre les technologies de la santé à l'ordre du jour. Ça tombe bien, il y en a justement une qui pourrait aider le Québec à minimiser son manque d'effectifs, tout en développant une expertise unique et exportable: la télésanté.

C'est d'ailleurs l'une des recommandations du rapport Castonguay sur le système québécois de la santé, déposé il y a un mois et demi. Le rapport, qui a fait parler de lui pour d'autres raisons, suggère qu'il faudrait aller plus loin dans les projets de télésanté, pour en tirer davantage de bénéfices.

Lundi dernier, le ministère de la Santé a d'une certaine façon donné son aval à un projet de consultation à distance du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ). Conséquence du rapport Castonguay ou non, c'est une nouvelle qui a dû faire plaisir à Jean Boulanger, responsable du secteur télésanté au centre hospitalier de l'Université Laval, à Québec.

Le CHUL élabore des projets de télésanté depuis plus d'une quinzaine d'années. Il dessert des patients dans des régions éloignées, comme la Côte-Nord, et les ressources sont évidemment limitées. La consultation à distance est un remède tout indiqué

Combler le manque de ressources

«Entre chaque rencontre avec les patients, il faut pouvoir répondre rapidement aux petites inquiétudes, et le fait de pouvoir effectuer certaines pratiques à distance aide beaucoup», explique-t-il. Depuis 1992, le CHUL est ainsi devenu, en quelque sorte, un pôle québécois de la télésanté.

Ce n'est pas le seul dans cette situation. Les quatre hôpitaux universitaires québécois ont mis la main à la pâte, et ont tous mis en place, ces dernières années, des projets de télésanté.

«On aimerait pouvoir utiliser la télésanté dans plusieurs disciplines, dans la plupart des régions du Québec, souhaite M. Boulanger. Ça peut combler le manque d'effectifs dans des secteurs plus sollicités.» Comme la pathologie, une discipline très importante en milieu hospitalier.

En plus de Google et de Microsoft, qui s'intéressent soudainement à ce secteur, des pays comme la France et le Japon ont aussi découvert le potentiel des technologies. «En 1992, quand on parlait de télésanté, on avait l'air d'extraterrestres, mais plus aujourd'hui. C'est un secteur tout jeune qu'on a intérêt à développer, en échangeant sur nos trouvailles au Québec et ailleurs», conclut le responsable de la télésanté pour le CHUL.

Surveillance biomédicale

Des soins à domicile à l'hôpital virtuel, les projets étudiés par les centres hospitaliers universitaires incarnent plusieurs technologies différentes. Elles vont plus loin que la numérisation et le stockage du dossier des patients dans une immense base de données informatisée, ce que proposent justement Google et Microsoft.

Deux projets récemment présentés par l'Institut international des télécommunications, à Montréal, ont retenu l'attention du CHUL. Même s'ils n'ont pas donné suite, ces deux technologies illustrent ce à quoi pourrait ressembler la médecine à distance au Québec, d'ici quelques années.

Le premier, un projet de télétrauma, vise à transmettre directement et instantanément, entre une ambulance et l'hôpital, de l'information sur le patient à bord du véhicule: signes vitaux, échographies, dossier du patient, communication vidéo, etc.

Le second est un outil de surveillance biomédicale qui pourrait être utilisé à la suite d'une intervention chirurgicale, par exemple. Des capteurs que le patient doit porter sur sa personne transmettent à un centre de surveillance, en continu, les signes vitaux et l'information situationnelle (localisation, activité, etc.).

«Le système analyse ensuite ces données et recommande une action aux autorités médicales», explique Marc Bage, qui a dirigé les deux projets de l'IIT. «Appeler le patient, ou une ambulance, et ainsi de suite. Ça évite d'avoir à retenir un patient à l'hôpital trop longtemps.» Et d'occuper un lit qui pourrait servir à des cas plus sérieux...