Un simple SMS et quinze minutes plus tard, le compte est crédité de 300 euros... Le prêt d'argent instantané fait fureur en Suède mais le phénomène inquiète les autorités suédoises qui redoutent la spirale de l'endettement des jeunes.

Un simple SMS et quinze minutes plus tard, le compte est crédité de 300 euros... Le prêt d'argent instantané fait fureur en Suède mais le phénomène inquiète les autorités suédoises qui redoutent la spirale de l'endettement des jeunes.

«Le premier prêt par SMS a été accordé en mars 2006 et la première demande de remboursement nous est parvenue trois mois plus tard», explique Janne Aakerlund, porte-parole de l'agence nationale suédoise de recouvrement forcé (Kronofogden).

Depuis, le nombre de ces emprunts non remboursés a grimpé de façon vertigineuse: en 2007, Kronofogden a vu affluer plus de 20 000 dossiers dont 35,9% concernant des jeunes âgés de 18 à 25 ans.

«Il y a des raisons d'être sérieusement inquiets par cette évolution», estime Gunnar Larsson, directeur général de l'administration suédoise de protection des consommateurs.

Il souligne que ces prêts sont très séduisants car ils permettent à des personnes jusqu'alors exclues des emprunts, à l'instar des jeunes de 18 ans et des personnes aux bas revenus, d'accéder à des crédits en un temps record.

Or la somme d'argent empruntée -- en moyenne 3000 couronnes (482 dollars canadiens), moyennant 500 couronnes de frais (80 dollars) et 50 couronnes d'intérêt (8 dollars) -- doit être remboursée dans un délai tout aussi record, 30 jours.

Et si le prêt n'est pas remboursé à temps, le cercle vicieux commence. C'est alors un véritable «piège», avec des taux d'intérêt élevés, qui se referment sur eux, expliquent MM. Aakerlund et Larsson.

Fin janvier, les autorités se sont donc saisies du phénomène et ont décidé d'interdire des intérêts supérieurs au coût du prêt.

Carl Rosenbaum, porte-parole de Mobillaan Sverige, première entreprise à s'être lancée sur le marché en mars 2006, affirme toutefois que ces critiques sont «exagérées».

Il souligne que l'offre, qui existe aux États-Unis et dans quelques pays européens, est nouvelle et a reçu un très bon accueil des Suédois, connus pour être de grands consommateurs, friands des nouveautés technologiques.

«L'énorme succès des emprunts par SMS a pris les autorités par surprise et elles ne savent pas comment gérer cela», dit-il.

Il assure que l'âge moyen de ses clients est de 32 ans, que l'entreprise vérifie leur situation financière et que «le "mauvais" taux d'endettement est inférieur à 2%». Des assurances qui laissent sceptiques les autorités puisqu'il n'y a pas de réglementation propre à ce nouveau produit.

Tous s'accordent à dire que l'accroissement de ce marché, non encore évalué, est inéluctable car la demande est là. Pour preuve, alors que Mobillaan Sverige était seule sur le marché suédois en mars 2006, environ trente sociétés sont aujourd'hui concurrentes sur ce créneau.

L'accroissement du phénomène tient en partie à une politique de marketing agressive: publicité dans le métro, sur les abribus, dans les journaux, à la télévision ou encore à la radio.

«Les jeunes sont soumis à une pression pour consommer dans les mêmes proportions que celles d'un adulte qui dispose d'un emploi à plein temps», commente Dick Forslund, économiste qui prépare un doctorat à l'école de commerce de Stockholm.

Mais avec des revenus bien inférieurs voire inexistants, la tentation est forte de recourir à ces crédits par SMS.

«Le truc c'est que c'est facile et rapide», résume Amy Tran, étudiante de 20 ans. «Les jeunes agissent avant de penser aux conséquences. Ce qu'ils veulent c'est pouvoir acheter des vêtements, aller au restaurant, dans les bars, voyager, là maintenant, tout de suite et pas dans un mois ou deux», dit-elle.

«Ces prêts peuvent être également perçus comme une extension des services de loisirs et de jeu d'argent sur Internet», avance encore Bengt Larsson, sociologue à l'université de Göteborg.