Burlesques, militants, expérimentaux ou communautaires, les «Pocket films», tournés avec la caméra miniature d'un téléphone portable font fleurir tout autour du globe un cinéma de poche, inventif et spontané, auquel le Forum des Images consacre un festival.

Burlesques, militants, expérimentaux ou communautaires, les «Pocket films», tournés avec la caméra miniature d'un téléphone portable font fleurir tout autour du globe un cinéma de poche, inventif et spontané, auquel le Forum des Images consacre un festival.

De vendredi à dimanche à Paris, la 3e édition de «Pocket Films» voit grand. Avec 30 pays représentés, plus de 200 mini fictions ou documentaires, le plus souvent d'une à trois minutes, montrés sur grand écran ou sur des «arbres à portables», des ateliers, des rencontres professionnelles, des cinéastes invités, le programme de ce festival gratuit est alléchant.

«C'est la plus importante manifestation au monde uniquement dédiée à ces films... nous en avons reçu un millier, la palette est très ouverte«, dit Benoît Labourdette, son coordinateur. «Pocket Films» a lieu au Centre Pompidou, car le Forum des images est fermé pour travaux jusqu'à l'automne.

«Nous sommes au tout début d'une grande histoire: celle de la révolution technologique apportée par cette caméra, qui est en même temps son propre écran et diffuseur», estime Laurence Herszberg, directrice du Forum.

Après le cinéma, la télévision et l'ordinateur, le téléphone mobile a fait naître un 4e écran couplé à une caméra volontiers clandestine, propice à toutes les expérimentations pour des cinéastes, artistes et blogueurs-citoyens du monde entier.

Un espace de création et d'expression démocratique aux antipodes du «happy slapping» (agressions filmées) né lui aussi avec la téléphonie mobile.

Le festival en apporte la preuve avec un panorama international complété par un éventail de courts-métrages signés par de jeunes cinéastes français issus de diverses écoles (Le Fresnoy, Ensad, ESAV).

Des «cartes blanches» permettent de découvrir des films venus du festival The4thscreen à New York, créés par le collectif d'artistes «Lili range le chat», qui jette un pont entre l'Europe et l'Ouzbékistan, ou encore par l'artiste Masaki Fujihata et ses étudiants de l'université des arts de Tokyo.

L'Afrique, souvent absente des festivals de cinéma, est représentée par les films de Zaanga, une agence audiovisuelle coopérative qui défend le partage des savoirs et la diffusion des logiciels libres sur internet.

Tournés sans budget au Togo, au Niger ou au Burkina Faso, ils montrent le quotidien de groupes humains invisibles pour les médias traditionnels.

Car l'une des tendances de ces mini films, dont la qualité esthétique va croissant, est de permettre une expression citoyenne, sociale et politique.

En atteste l'initiative de l'avocat Jean-Louis Langlois, neveu d'Henri, créateur de la Cinémathèque, qui a tourné 150 épisodes d'une série intitulée «Une par une», où des citoyens ordinaires commentent la Une d'un journal pendant la campagne présidentielle en France. Une sélection de ces films, diffusés sur le site Dailymotion, sera montrée tout au long du festival.

Tourné par des adolescents allemands en vacances au Liban l'été dernier et déjà primé, le documentaire «Holidays» montre leur vision de la guerre.

La façon dont le téléphone mobile peut servir à des projets citoyens fera l'objet d'un débat organisé pendant le festival, aux côtés de leçons de tournage et de montage, et d'ateliers, sur la création communautaire notamment.

Enfin, une séance spéciale montrera les courts-métrages des cinéastes Olivier Ducastel, Solveig Anspach, Alain Fleischer ou Marcel Hanoun, curieux des possibilités offertes par cette caméra-puce.