Myriam Benboujja sait à quoi s'attendre quand les gens entrent dans la boutique Rogers où elle travaille, au Centre Eaton. «La plupart du temps, la première question qu'ils me posent, c'est: offrez-vous des forfaits illimités?»

Myriam Benboujja sait à quoi s'attendre quand les gens entrent dans la boutique Rogers où elle travaille, au Centre Eaton. «La plupart du temps, la première question qu'ils me posent, c'est: offrez-vous des forfaits illimités?»

La jeune conseillère n'a pas fini d'entendre cette requête. Selon une étude de la firme Decima Research, publiée cette semaine, de plus en plus de Canadiens abandonneront leur ligne téléphonique «traditionnelle» au profit d'un sans-fil.

À l'heure actuelle, 5 % des ménages du pays ont dit adieu à leur «téléphone maison». Et d'après l'enquête, 17 % des ménages qui possèdent un cellulaire ou comptent en acquérir un suivront cet exemple.

Raymond Brisebois l'a déjà fait. Il y a quatre ans, le résidant de Chambly a déconnecté sa ligne résidentielle... et n'a jamais regretté. «On n'est jamais à la maison ma conjointe et moi, on trouvait qu'on payait le gros prix pour ce qui n'était finalement qu'une boîte vocale.»

Les Canadiens âgés de 18 à 34 ans sont les plus nombreux à abandonner leur ligne terrestre.

Selon l'étude de Decima, menée pour le compte de l'Association canadienne des télécommunications (ACTS), 19 % d'entre eux ont déjà remplacé leur ancien système, contre 5 % chez les 35-54 ans et 1 % chez les 55 ans et plus.

«Pour certaines personnes qui n'ont pas de familles ou pour les célibataires qui ne sont pas souvent à la maison, pourquoi avoir un téléphone résidentiel? demande Brahm Eiley, président de la firme torontoise Convergence Consulting Group. Ce n'est pas toujours nécessaire.»

D'autres facteurs expliquent la préférence de plusieurs pour le sans-fil, souligne l'expert. Par exemple, de nombreux immigrants ont déjà l'habitude d'utiliser seulement un cellulaire dans leur pays d'origine, et ne ressentent pas le besoin de se doter d'une ligne «dure» ici.

Malgré les prévisions de Decima, Brahm Eiley doute que les Canadiens délaisseront en masse leurs lignes résidentielles d'ici la fin de la présente décennie.

Selon ses calculs, environ 275 000 personnes feront un tel transfert chaque année d'ici la mi-2009, ce qui portera le total de «débranchés» à 1,5 million. Une migration beaucoup plus lente qu'aux États-Unis, commente-t-il.

«Une des choses qui limiteront la croissance rapide du nombre de ménages possédant seulement un sans-fil, c'est que les prix de la téléphonie résidentielle sont très compétitifs au Canada, dit M. Eiley. Les prix sont plus élevés aux États-Unis.»

Pour l'heure, c'est dans l'Ouest canadien que l'abandon des lignes terrestres est le plus marqué. En Colombie-Britannique, 16 % des utilisateurs de sans-fil ont migré, comparativement à 14 % en Alberta, 7 % au Québec et en Ontario.

Le Québec à la traîne

Qu'ils aient une ligne résidentielle ou pas, les Québécois sont moins nombreux que tous les autres Canadiens à posséder un cellulaire, rapporte en outre l'étude de Decima.

Au Québec, 51 % des ménages sont équipés d'un portable, comparativement à 79 % en Alberta, la province la plus branchée. «C'est peut-être une question de revenus», avance, Peter Barnes, président et chef de la direction de l'ACTS.

À l'échelle du pays, 64 % des ménages disent avoir accès à un sans-fil, une augmentation considérable par rapport la précédente enquête menée en 2000. À cette époque, 44 % des Canadiens en possédaient un.