Pas d'effets spéciaux, peu de place pour des décors, une durée maximale de quelques minutes : les films tournés avec des téléphones mobiles intéressent de plus en plus les industriels de la téléphonie et des médias, intrigués par une telle créativité.

Pas d'effets spéciaux, peu de place pour des décors, une durée maximale de quelques minutes : les films tournés avec des téléphones mobiles intéressent de plus en plus les industriels de la téléphonie et des médias, intrigués par une telle créativité.

«Aujourd'hui, presque n'importe qui peut créer du contenu avec son téléphone mobile, et c'est un défi important pour nous car ce sont ceux qui créent le contenu qui détiennent le pouvoir», s'est inquiété cette semaine Peter Bazalgette, responsable du développement du producteur Endemol, lors d'une table ronde au marché des contenus numériques, le MipTV, à Cannes.

Même constat chez Nokia : «De plus en plus d'utilisateurs font de véritables films avec leur téléphone mobile», explique Mark Fowler, responsable marketing chez l'équipementier finlandais.

Un engouement qui s'explique par la baisse du prix des téléphones mobiles avec fonction vidéo, désormais plus abordables, mais aussi par leurs progrès techniques : la qualité de l'image s'est améliorée, les utilisateurs peuvent même zoomer ou faire leur montage directement sur leur téléphone.

Au Royaume-Uni, une récente publicité sur la sécurité routière a été entièrement tournée avec un mobile, pour cibler les adolescents : on y voit un groupe de jeunes, sur le trottoir, chahuter entre eux avec des téléphones mobiles, avant que l'un d'eux se fasse renverser parce qu'il ne faisait pas attention.

Plusieurs compétitions sont également consacrées à ces courts-métrages d'un nouveau genre, comme le Pocket Film Festival, dont la première édition a eu lieu à Paris en octobre dernier.

Autre concours, le Nokia Shorts, qui existe depuis 2003 et était d'abord destiné aux films réalisés avec de vraies caméras : les candidats devaient réaliser un film de 15 secondes maximum, destiné aux téléphones mobiles.

«En imposant aux réalisateurs de faire un film de 15 secondes, qui comporte un début, un milieu et une fin, on encourage la création de contenus +snack+ (collation), qui sont parfaits pour la diffusion sur mobile», explique M.Fowler.

Pour la première fois en 2005, la compétition a intégré les films réalisés par téléphone mobile, jugeant que leur qualité était désormais satisfaisante. Parmi les conseils aux candidats prodigués sur son site : «ce n'est pas parce que l'écran est petit que vous devez penser petit».

Les productions des finalistes dans cette catégorie montrent ainsi un homme qui se filme en chantant «je m'ennuie», une jeune femme qui mange des chips, filmée depuis l'intérieur du paquet, ou encore un homme qui cajole son mobile comme si c'était un enfant.

Au Canada, Chum Television et l'Office national du film du Canada, en partenariat avec l'équipementier Ericsson, sponsorisent actuellement la production de dix "micro-métrages" de deux minutes destinés aux téléphones mobiles, dont certains ont été filmés avec un téléphone, pour les diffuser cet été.

«Avec les capacités techniques des téléphones mobiles d'aujourd'hui, on arrive à des productions de qualité», estime Judy Gladstone, directrice générale de Bravo!Fact, la division de Chum chargée de ce programme.

De son côté, la BBC incite, sur son site internet «BBC Film Network», les apprentis réalisateurs à lui soumettre leurs courts-métrages.

«Bien sûr, on ne pourra jamais empêcher les gens de faire des mauvais films, mais j'espère que ça peut être aussi, pour certains, le début d'une carrière de réalisateur», assure Ashley Highfield, directeur de la division «nouveaux médias» de la BBC.