À l'écart des consolidations dans les télécoms, Nokia affirme avoir les moyens de faire cavalier seul, ce dont doutent les analystes qui le marieraient bien avec l'allemand Siemens.

À l'écart des consolidations dans les télécoms, Nokia affirme avoir les moyens de faire cavalier seul, ce dont doutent les analystes qui le marieraient bien avec l'allemand Siemens.

Après le rachat de l'équipementier britannique Marconi par le suédois Ericsson et la fusion du français Alcatel avec l'américain Lucent, annoncée dimanche, le numéro un mondial incontesté des téléphones portables paraît bien isolé pour espérer pérenniser sa place de numéro deux dans les infrastructures, derrière Ericsson-Marconi.

La question d'un rapprochement «va se poser à Nokia avec de plus en plus d'acuité», prévient ainsi Karri Rinta chez Nordea.

«Nokia Networks est plus modeste que la nouvelle entité Alcatel-Lucent. (Le finlandais) ne peut plus jouer la carte du numéro deux incontesté. Il devra au moins reconnaître que la croissance organique ne suffit plus et accepter de rentrer dans le jeu des acquisitions pour renforcer à la fois son offre et sa part de marché», estime-t-il.

La grande majorité des analystes interrogés par l'AFP juge inéluctable, à terme, un rapprochement, une fusion ou une acquisition. Parmi les proies potentielles- l'américain Motorola, l'allemand Siemens et le canadien Nortel- tous désignent Siemens comme la cible idéale.

Le rapprochement du finlandais et de l'allemand garantirait à Nokia une part de marché voisine de 25 % dans les réseaux, contre environ 15 % actuellement. Ericsson domine le secteur avec 35 %.

Il permettrait également à la nouvelle entité d'être mieux armée pour répondre à la convergence des téléphonies fixe et mobile et des normes (CDMA/GSM).

«La convergence (fixe-mobile) est la planche de salut des opérateurs historiques et de ce point de vue Nokia a un vrai problème», estime François Duhen, de CIC Securities, pour qui la fusion Alcatel-Lucent «marginalise les réseaux Nokia, qui ne fait que du mobile».

À défaut de convaincre Siemens, «ils pourraient acquérir des actifs dans le fixe, comme avec Nortel (...) mais ce n'est pas la culture de Nokia et je ne suis pas certain qu'ils savent le faire», selon lui.

Erkki Vesola, analyste chez Mandatum, estime lui que les résistances de Nokia à l'idée d'une alliance industrielle et financière de grande envergure sont trop profondes, quasiment «culturelles».

«Nokia a toujours été réticent à l'idée de participer à ces grandes manoeuvres. Et je ne pense pas que cela va changer», dit-il.

«Infrastructures et téléphones combinés, Nokia reste devant Alcatel-Lucent en terme de chiffre d'affaires (34 milliards d'euros contre 21 milliards en 2005- 48 milliards contre 29,7 milliards CAN)», souligne-t-il.

Il exclut par ailleurs que Nokia se sépare des réseaux comme Ericsson s'est séparé des téléphones portables en créant une société conjointe avec Sony. «Nokia ne vendra pas ses réseaux. Le groupe a toujours estimé qu'il devait garder une offre intégrée de réseaux et de téléphones», selon l'analyste.

En tout état de cause les équipementiers célibataires devraient profiter des «énormes efforts d'intégration» que devront consentir Alcatel et Lucent dans les mois à venir pour réagir, selon Karri Rinta.

Nokia ne fera rien en 2006 en raison du passage de témoin entre l'actuel patron Jorma Ollila et son successeur Olli-Pekka Kallasvuo cet été, «mais quelque chose devrait se passer en 2007», selon lui.

Nokia n'a pas souhaité s'exprimer sur ses orientations stratégiques, arguant de la proximité de l'annonce de ses résultats du 1er trimestre, le 20 avril.