Patricia Russo, qui a éliminé 30 000 emplois chez Lucent Technologies, a fait savoir qu'elle agira rapidement pour réduire l'effectif d'Alcatel lorsqu'elle en deviendra patronne. Alcatel, dont le siège est à Paris, a fait l'acquisition de Lucent, premier fabricant américain d'équipement téléphonique, au prix de 13,4 milliards de dollars américains.

Patricia Russo, qui a éliminé 30 000 emplois chez Lucent Technologies, a fait savoir qu'elle agira rapidement pour réduire l'effectif d'Alcatel lorsqu'elle en deviendra patronne. Alcatel, dont le siège est à Paris, a fait l'acquisition de Lucent, premier fabricant américain d'équipement téléphonique, au prix de 13,4 milliards de dollars américains.

«Nous ne cachons pas notre intention d'agir rapidement», a indiqué dimanche Mme Russo, lors d'une conférence téléphonique après avoir annoncé la vente de Lucent à Alcatel, dont elle deviendra PDG. Mme Russo entend faire épargner à la compagnie issue de la fusion pas moins de 1,7 milliard US en trois années.

Ainsi, la nouvelle patronne a l'intention d'éliminer 10 % de l'effectif de l'entreprise fusionnée, soit 8800 emplois, après avoir réduit de moitié le nombre d'employés chez Lucent, de Murray Hill, au New Jersey. Son expérience de redressement d'entreprise pourrait l'aider à hausser les bénéfices de la nouvelle compagnie, dont les produits vont de l'équipement téléphonique aux dispositifs de réseautage et de large bande, indiquent des chefs d'entreprise.

«Elle a beaucoup appris en faisant face aux difficultés et au défi complexe lorsqu'elle a pris les rênes chez Lucent», estime Fred Hassan, président du conseil et PDG de Schering-Plough Corp. Mme Russo est membre du conseil d'administration de cette société pharmaceutique de Kenilworth, au New Jersey. «Certaines de ces expériences de redressement sont d'une grande utilité lorsque vous réalisez une fusion», ajoute-t-il.

Réductions aux États-Unis

À la tête de Lucent, Patricia Russo a fermé des usines et des bureaux depuis Landover, dans le Maryland, jusqu'à Naperville, en Illinois, et Columbus, en Ohio. Tim Daubenspeck, un analyste de Pacific Crest Securities, croit qu'elle est susceptible de suivre la même recette cette fois-ci en fermant d'abord des usines aux États-Unis. L'entreprise issue de la fusion aura son siège à Paris et la nouvelle PDG pourrait avoir plus de mal à réaliser des fermetures en France en raison de lois sur le travail plus rigoureuses, ajoute-t-il.

Au cours de l'exercice financier terminé le 25 septembre, Lucent a dégagé un bénéfice net de 38 $US par 1000 employés, selon des données compilées par Bloomberg. Sur cette même base, Alcatel avait réalisé un profit de 5 millions d'euros (6 millions US) en 2004.

Les investisseurs de Lucent recevront 0,1952 action américaine de Alcatel pour chaque action de Lucent, a fait savoir la compagnie. Le conseil d'administration agrandi comptera 14 membres, soit sept de chaque compagnie. Le nom de la nouvelle entité n'a pas encore été décidé. Les actionnaires d'Alcatel posséderont 60 % de la nouvelle compagnie et les actionnaires de Lucent, le reste.

Hier, à Paris, le titre d'Alcatel a gagné jusqu'à 0,61 euro, ou 4,7 %, à 13,38 euros. À la Bourse de New York, l'action de Lucent s'est apprécié de presque 1 % à 3,08 $US. Avant la journée d'hier, le titre de Lucent s'était apprécié de 15 % cette année, mais il était encore en baisse de 46 % depuis l'embauche de Mme Russo.

La tâche de cette dernière sera de réaliser la fusion de Lucent et d'Alcatel, le plus important fabricant mondial d'équipement pour Internet large bande. Grâce à ses ventes d'environ 25 milliards US, la nouvelle compagnie fera concurrence à Cisco Systems, de San Jose, en Californie, pour le premier rang sur le marché de la téléphonie et de l'équipement pour le Web et elle surpassera Ericsson AB.

Environ la moitié des économies envisagées viendra de la réduction de l'effectif, qui est de 88 200 employés actuellement. La plupart des coupes seront effectuées d'ici deux ans, a précisé Patricia Russo dimanche. «Notre intention est d'y aller selon une approche juste et équilibrée», a-t-elle dit, sans vouloir entrer dans les détails quant aux coupes d'emplois.

Elle a cependant indiqué qu'il y avait du chevauchement dans les services des ventes et du marketing. Il y aura de la consolidation parmi les usines, a-t-elle dit.

Les coûts de restructuration tourneront autour de 1,4 milliard d'euros, a précisé hier au cours d'une conférence de presse à Paris le directeur financier d'Alcatel, Jean-Pascal Beaufret.