Son cellulaire l'a bien fait rire. Jusqu'à ce que sa mère reçoive le compte. Elle l'a trouvée moins drôle.

Son cellulaire l'a bien fait rire. Jusqu'à ce que sa mère reçoive le compte. Elle l'a trouvée moins drôle.

Son fils, raconte Denise Chicoine, avait acquiescé à l'offre de téléchargement d'une blague quotidienne sur son cellulaire, en messagerie texte. Tout cela gratuitement, il va sans dire. En fait, il était le dindon de la farce.

Une somme de 25 $ s'est éventuellement ajoutée à la facture mensuelle de sa mère. «Ils lui facturaient environ un dollar par jour pour la blague, explique-t-elle. Comique, non?»

Le farceur facturait ses services par l'intermédiaire du fournisseur de téléphonie sans fil. Au terme de longues et complexes démarches maternelles, le joyeux service a finalement été interrompu.

«Ce téléphone cellulaire que j'ai donné à mon enfant servait à le trouver en tout temps, s'indigne Mme Chicoine. Mais les jeunes peuvent s'abonner à des services qui coûtent une fortune sans l'autorisation de leurs parents, alors qu'ils sont mineurs.»

Les jeunes utilisateurs de cellulaires sont en effet soumis à d'alléchantes tentations- sonneries et tonalités d'attente personnalisées, blagues, chansons, capsules mode à 25 cent la pièce... Ces produits peuvent être sélectionnés à partir du téléphone, du portail Internet du fournisseur de services sans fil ou d'un autre site Web.

«Les ados constituent le marché émergent du cellulaire et représentent un potentiel énorme de revenu», soutient André H. Caron, directeur du Centre interdisciplinaire de recherche sur les technologies émergentes de l'UdM. Il est l'auteur, avec Letizia Caronia, de l'ouvrage Culture mobile, sur la relation entre cellulaires et jeunes.

Les mineurs ne devraient pas pouvoir s'engager sans l'accord des parents, mais «c'est l'omniprésence des technologies qui fait qu'on ne peut plus contrôler toutes les offres et les messages qui circulent», constate-t-il.

Dans le cas de notre lectrice, la tarification des blagues gratuites était-elle mentionnée quelque part? Sans doute, en petits caractères relayés par un discret astérisque.

Patricia Lefebvre, responsable de la section Jeunesse chez Option consommateurs, a trouvé d'autres explications dans les séances d'information sur l'utilisation des cellulaires qu'elle donne dans les écoles.

«Les jeunes me disent que les premiers mois d'un service sont gratuits et que, lorsqu'il ne l'est plus, ils sont déjà habitués à télécharger et oublient d'annuler ce service, expose-t-elle. Ou encore, on leur a dit qu'il y avait un certain nombre de minutes de téléchargement gratuit, mais ils se rendent compte que le téléchargement de la chanson prend davantage de temps et ils ne s'arrêtent pas en cours.»

Dans un cas comme dans l'autre, le parent entendra bientôt sonner la caisse enregistreuse.

C'est au moment de l'achat du service de téléphonie cellulaire qu'il faut exercer un premier contrôle. «Quand les parents permettent au cellulaire d'entrer dans leur foyer, ils doivent être conscients que ce n'est pas comme acheter une bicyclette, prévient André Caron. C'est un lien, un outil de communication qui va rester chez ces jeunes.»

Peter Barnes, président de l'Association canadienne des télécommunications sans fil, utilise une image éloquente: «C'est comme donner une carte de crédit à son enfant. Il peut ensuite acheter de nombreux produits.» La métaphore est claire, le parent doit définir les conditions d'usage du cellulaire de son jeune.

Peter Barnes suggère à cet égard la carte prépayée, qui limite l'utilisation à la somme portée sur la carte. Cette formule est excellente pour instiller de bonnes habitudes.

Pour les utilisateurs fréquents, toutefois, les forfaits reviennent moins cher- dans la mesure où on en respecte les paramètres. «La plupart des jeunes n'ont pas le forfait qui correspond à leurs besoins, signale à ce propos Patricia Lefebvre. Ils utilisent souvent leur appareil au moment où son utilisation est la plus coûteuse.»

Autre suggestion de Peter Barnes: le parent pourra payer le forfait de base et laisser le jeune acquitter tout excédent sur l'état de compte mensuel. Quand le jeune commencera à gagner davantage d'argent, sa part pourra augmenter.

L'arrivée de la facture mensuelle devrait ensuite donner lieu à un de ces agréables moments familiaux: l'épluchage de la facture avec le jeune pour vérifier comment sont réparties les dépenses.

Si le document ne donne qu'une somme globale, Patricia Lefebvre conseille de demander au fournisseur une facture détaillée. Il faudra prévoir un supplément.

De son côté, Jean-Jacques Préaux, de l'Office de la protection du consommateur, recommande aux jeunes de toujours prendre le temps de lire les conditions de toute offre de services connexes. «C'est lorsqu'on appuie sur le bouton 'J'accepte' après un long texte que surviennent des surprises qu'on n'attendait pas», souligne-t-il.

Avec ces précautions, rira bien qui rira le dernier.

Pour une bonne entente : une bonne écoute

- Établir clairement les besoins avec le jeune.

- Bien expliquer les conséquences et les coûts des abonnements aux services connexes.

- S'entendre au préalable sur les responsabilités de chacun et les limites d'utilisation.

- Comparer les offres et choisir le forfait le plus approprié.

- Être présent à la signature du contrat.

- Lire le contrat avec attention et en entier, notamment les clauses de pénalités.

- Revoir les factures avec le jeune.