Il semble que tout le monde soit informé des risques qu'implique l'usage d'un téléphone cellulaire au volant d'une voiture.

Il semble que tout le monde soit informé des risques qu'implique l'usage d'un téléphone cellulaire au volant d'une voiture.

Des statistiques publiées en décembre dernier révèlent une évolution croissante de cette pratique, considérée comme la source de distraction la plus dangereuse en automobile. Faute de législation adéquate, certains suggèrent qu'une solution serait d'amener les entreprises à imposer un code de conduite strict à leurs employés. Sinon, il risque de leur en coûter cher!

Au Canada, seule la province de Terre-Neuve interdit l'usage du téléphone au volant. L'Ontario pourrait suivre, puisqu'un député conservateur a déposé en Chambre, fin février, un projet de loi allant en ce sens. Dans les deux cas, on tolère l'usage d'un accessoire mains libres, mais il est question d'amendes sévères pour les contrevenants.

Les études les plus récentes estiment que les conducteurs discutant au téléphone ont quatre fois plus de risques de provoquer un accident routier, tandis que la probabilité de collision dans les dix minutes suivant un appel est de trois à six fois plus importante qu'en toute autre circonstance. Dans ce cas, on ne fait pas de distinction entre l'utilisation du téléphone seul ou avec un accessoire mains libres: les deux sont aussi dangereux.

Un risque plus présentL'utilisation d'un téléphone cellulaire n'a plus rien d'extraordinaire. On répond à un appel à tout moment, en tous lieux, en se souciant souvent bien peu du contexte: au resto, dans un bar, même au cinéma! L'impolitesse a pris une telle ampleur que de plus en plus de commerçants avertissent leur clientèle d'éteindre la sonnerie de leur appareil avant d'entrer.

Au volant, selon une étude menée par l'agence américaine en charge de la sécurité routière, la NHTSA, le nombre d'automobilistes parlant au téléphone tout en conduisant a augmenté de 20% l'an dernier, aux États-Unis. À tout moment, sur les routes, un automobilistes sur 15 entretient une conversation téléphonique.

C'est une habitude qui gagne tous les groupes d'âges mais qu'on remarquerait davantage chez les 16-24 ans (sans égard au sexe), ainsi que chez les femmes (sans égard à l'âge).

Les patrons aussi responsablesDe plus en plus de gouvernements souhaiteraient interdire l'usage du cellulaire au volant. Au Québec, il en a été question en 2002, mais on a rangé le sujet dans le tiroir depuis. Entretemps, plus de gens utilisent leur téléphone en conduisant, souvent dans le but d'abattre un peu plus de travail.

C'est pourquoi l'Institut d'information sur l'assurance conseille aux entreprises qui le veulent bien d'interdire à leurs employés d'avoir recours à de telles pratiques. «De plus en plus d'entreprises le font», assure l'institut.

Aux États-Unis, où la notion de responsabilité civile est différente, on voit de plus en plus de cas où une victime d'un accident de la route intente une poursuite au conducteur fautif pour avoir été imprudent en parlant au téléphone.

Dans un cas réglé en octobre dernier, en Virginie, une victime a même poursuivi l'employeur, car on a découvert que le conducteur était en ligne avec un client au moment de happer une fillette qui traversait la rue. Verdict: l'entreprise a dû dédommager la famille de la victime en lui payant la somme de 2 millions de dollars US.

C'est malheureux, mais il semble bien que l'argent parle plus fort que les victimes, dans les cas comme celui-ci. Quoi qu'il en soit, il apparaît clairement que les problèmes liés aux téléphones cellulaires et à l'automobile seront réglés à grande échelle: si ce n'est pas le gouvernement qui agit, ce sera aux entreprises de réagir.

Ce qui étonne, c'est qu'une mesure aussi simple, qui aurait pour seul effet de sauver des vies, soit si impopulaire en ce moment...