L'opérateur France Telecom va tester à Paris avant l'été un accès internet à très haut débit, un premier pas vers la construction d'un réseau en fibre optique, coûteux mais qui devrait lui permettre de contrer des concurrents extrêmement offensifs.

L'opérateur France Telecom va tester à Paris avant l'été un accès internet à très haut débit, un premier pas vers la construction d'un réseau en fibre optique, coûteux mais qui devrait lui permettre de contrer des concurrents extrêmement offensifs.

Le PDG de France Télécom, Didier Lombard, a annoncé mardi à la presse le lancement de zones pilotes dans six arrondissements parisiens et six villes des Hauts-de-Seine avec le déploiement d'un réseau de fibre jusqu'au domicile de l'abonné.

Grâce à ces transmissions deux ou trois fois plus puissantes que le haut débit de l'ASDL, l'abonné se verra proposer la télévision en haute définition, la téléphonie illimitée, un accès internet ultra-rapide et autres services comme les jeux en ligne, la visiophonie...

Le prix devrait avoisiner 80 euros par mois, deux ou trois fois plus que l'ADSL.

Cette expérimentation s'appuie sur la technologie «la plus performante», le FTTH (Fiber to the home), encore peu utilisée dans le monde mis à part la Corée du Sud et dans une moindre mesure aux Etats-Unis.

Cette technologie est coûteuse puisqu'il faudra installer la fibre, qui n'existe pour l'instant que sur une partie du réseau, jusqu'au domicile des abonnés.

Mais elle est aussi prometteuse puisqu'elle permet d'atteindre des débits 50 mégabits/seconde alors qu'aujourd'hui, dans le meilleur des cas, l'ADSL (internet par la ligne de téléphone) permet des débits 25 mégabits/seconde.

M. Lombard a estimé à quelque 1 000 euros par abonné le montant de l'investissement nécessaire pour lancer ces expériences, dont l'investissement total devrait avoisiner "plusieurs millions d'euros".

«Je n'annonce pas de plan d'investissement, mais j'annonce un choix technologique», a-t-il souligné, se bornant à préciser qu'il n'y aurait pas d'investissements massifs avant 2008 dans cette technologie.

La prudence de M. Lombard peut s'expliquer par les mauvaises nouvelles annoncées la semaine dernière par le groupe qui a revu à la baisse ses perspectives de croissance. Avec une chute de quelque 8%, le titre France Télécom a enregistré la plus mauvaise performance depuis le début de l'année du CAC 40.

Mais l'opérateur historique se doit de réagir face à la pression de ses concurrents, les opérateurs alternatifs. A la fin 2005, près de 600 000 abonnés au téléphone l'ont ainsi quitté pour rejoindre un concurrent (Free, Neuf Cegetel, Alice, Club Internet...). Et la tendance devrait encore s'amplifier en 2006.

En annoncant ces premiers tests, M. Lombard sait que les opérateurs alternatifs, qui ont déjà toutes les difficultés à rentabiliser leurs propres investissements dans l'ADSL, ne pourront pas suivre France Télécom sur ce terrain.

Avec ce pari d'une technique plus avancée, l'opérateur historique espère garder ses clients ou les ramener.

L'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), soucieuse de ne pas voir se reconstituer un nouveau monopole, a déjà mis en garde France Télécom. Interrogé sur la réglementation, M. Lombard a estimé que les investissements que ferait France Télécom dans la fibre optique devaient être «rentables». «Je souhaite avoir un bilan économique convenable», a-t-il déclaré. Il a aussi affirmé qu'il n'existait aucune réglementation en matière de fibre optique et a invité Bruxelles à se pencher sur le dossier.

Près de la moitié des internautes prêts à quitter France Télécom

Près de la moitié des internautes se disent prêts à quitter France Télécom, jugeant l'offre de téléphonie proposée par leur fournisseur d'accès internet suffisamment fiable, selon une étude publiée mercredi par l'institut GFK et le magazine SVM.

Cette enquête a été menée début décembre auprès de 1 069 foyers, interviewés en face-à-face sur leurs habitudes de consommation.

En 2005, deux foyers sur cinq (9,8 millions) étaient connectés à internet, dont près des trois quarts (7,2 millions) disposaient d'un accès haut débit (ADSL et câble), faisant de la France l'un des pays leaders en Europe. Ils n'étaient que 62% en 2004 et 47% en 2003.

Sur les 7,2 millions de foyers connectés en haut débit, plus de 2 abonnés sur 3 ont souscrit à une offre de téléphonie (présélection, dégroupage partiel ou total) auprès de leur fournisseur d'accès, leur permettant ainsi de faire des économies.

Et 47% des internautes se disent désormais prêts à quitter l'opérateur historique, estimant cette offre de téléphonie suffisamment fiable pour couper le cordon ombilical avec France Télécom.

2005 a été aussi l'année du décollage de la télévision sur ADSL (haut débit par la ligne de téléphone). Un foyer sur six reçoit désormais un bouquet de chaînes par le biais de sa connexion internet.

Selon l'étude, le nombre d'internautes augmente dans les villes de province et dans les zones rurales. En 2005, ils étaient 48% contre 43% en 2004.