La Chine a cessé depuis trois mois de délivrer des permis de commercialisation à de nouveaux titres de jeux vidéo, des médias affirmant mercredi qu'une réorganisation administrative avait provoqué cette paralysie sur le premier marché mondial.

La liste, publiée sur l'internet, des jeux vidéo approuvés par l'Agence nationale de radio et de télévision montre qu'aucun nouveau titre n'a obtenu de feu vert depuis mai... alors que cette liste est normalement actualisée régulièrement.

De quoi assombrir les perspectives de Tencent, géant chinois de l'internet et des jeux sur mobile, qui a récemment annoncé avoir été sommé de retirer son titre phare Monster Hunter : World de la vente quelques jours seulement après son lancement.

Selon l'agence Bloomberg, qui citait mercredi des sources proches du dossier, ce silence s'explique par une vaste réorganisation administrative.

Ainsi, des changements de hauts fonctionnaires, liés aux efforts du président Xi Jinping pour renforcer son emprise sur l'appareil étatique, ont eu pour effet de retarder les autorisations de jeux mobiles et de consoles, laissant leurs développeurs dans l'expectative, assure Bloomberg.

Inquiets pour leur carrière face à la valse de leurs supérieurs, les régulateurs se montrent plus réticents à accorder leur blanc-seing à des jeux introduisant des scènes de violence, de combats ou de paris, à l'heure où Xi Jinping encourage la «purification» de l'internet local, poursuit le média financier.

De son côté, le ministère de la Culture avait expliqué en juin au quotidien économique Jingji Ribao que les agences supervisant les jeux vidéo connaissaient «des ajustements organisationnels».

Ces nouvelles informations accroissent la pression sur Tencent, qui tire la majeure partie de ses revenus des jeux sur téléphone intelligent : le titre de Tencent a plongé de quelque 3% mercredi, et a lâché 10% depuis la semaine dernière et l'annonce d'un arrêt de la commercialisation de Monster Hunter.

Tencent n'a pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP.

D'autres développeurs chinois de jeux vidéo ont perdu du terrain mercredi en Bourse, Alpha Group lâchant 2,27%.

Ce coup d'arrêt des approbations de nouveaux titres, s'il se prolonge, pourrait pénaliser drastiquement les grandes entreprises du secteur : le marché chinois des jeux vidéo, le premier du globe, est évalué à 38 milliards de dollars, selon le cabinet de recherche Newzoo.

Les jeux vidéo sont cependant dans le collimateur des autorités communistes, la presse officielle dénonçant volontiers leurs contenus violents ou licencieux, ainsi que la dépendance à l'internet touchant la jeunesse.

Mis sous pression dans le cadre des efforts contre la dépendance, Tencent avait dû imposer l'an dernier des limites de temps de jeu aux enfants utilisant King of Glory, son très populaire jeu de combat multijoueurs.