Le pionnier japonais du jeu vidéo Nintendo a dégagé au premier trimestreun bénéfice net de 21,2 milliards de yens (240 millions de dollars CAD), après avoir écoulé 1,97 million d'exemplaires de sa nouvelle console Switch en trois mois.

La maison mère de Mario, Zelda ou des Pokemon vise toujours un objectif de 10 millions de Switch sur l'exercice, restant plutôt prudente après le bon départ de cette machine semi-portable, semi-fixe, et la sortie de jeux vedettes.

Son bénéfice d'exploitation s'est établi à 16 milliards de yens entre avril et juin (contre une perte de 5 milliards un an plus tôt), sur un chiffre d'affaires qui a été multiplié par deux et demi à 154 milliards de yens.

Nintendo avait déploré l'an passé à la même période une perte nette de 24,53 milliards, traversant alors une très mauvaise passe du fait de méventes de sa console Wii U (alors en fin de vie) et dans une moindre mesure des modèles de poche 3DS.

Le groupe s'était financièrement rattrapé par la suite grâce à la cession de ses actifs dans une équipe de base-ball américaine, ce qui lui avait permis de dégager un substantiel bénéfice net annuel.

La sortie en mars de la Switch, un concept nouveau de console de salon avec une partie écran amovible et transportable, a redonné des couleurs à la firme plus que centenaire. Au total, 4,70 millions d'unités ont été écoulées depuis le lancement.

Même s'il y a encore assez peu de jeux pour cette machine, grâce à Mario Kart 8 Deluxe commercialisé en avril (3,54 millions d'exemplaires vendus dans le monde), Arms lancé en juin (1,18 million) ou encore la dernière mouture du mythique Zelda (Legend of Zelda: Breath of the Wild, 1,16 million, sans compter les versions pour d'autres types de consoles), la Switch attire car elle se distingue de la PlayStation 4 (PS4), immense succès de Sony, ou de la console XBox One de Microsoft.

Au total 8,14 millions de jeux développés par Nintendo pour la Switch ont trouvé preneurs au cours des mois d'avril à juin.

Diversification

Par la suite, les ventes de cette console devraient être dopées par le déjà très prisé Splatoon 2 (sorti le 21 juillet) et Super Mario Odyssey (prévu en octobre). Le groupe espère vendre en tout 35 millions de jeux Switch conçus par lui sur l'ensemble de l'exercice.

Par ailleurs, Nintendo a indiqué avoir vu augmenter de 1% les ventes de ses consoles de poche 3DS, à 950 000 exemplaires au cours du trimestre.

Les téléchargements de divers jeux en ligne pour ses différentes consoles ont fortement progressé (+41% sur un an à 11 milliards de yens), de même que les applications développées pour les smartphones, à commencer par Mario Run ou Fire Emblem Heroes, qui ont généré des revenus certes encore maigres mais plus que quintuplés sur un an à 9 milliards de yens.

Nintendo profite aussi à la marge du phénomène du «retro-gaming» en proposant des répliques avec des jeux pré-chargés de ses légendaires machines Famicom (connues en dehors du Japon sous l'appellation NES).

Cette stratégie multiple est censée permettre au groupe de ne plus être tant dépendant du cycle de vie de ses seules consoles phares, mais de se bâtir une assise plus large.

Il s'agit aussi de résister davantage aux coups de boutoirs donnés par les téléphones et tablettes qui ont accaparé une partie des joueurs.

Nintendo a maintenu ses prévisions annuelles: le groupe escompte toujours un chiffre d'affaires à 750 milliards de yens (+53% sur un an) et un bénéfice d'exploitation plus que doublé à 65 milliards de yens. Son bénéfice net devrait comme prévu dévisser de 56% sur un an à 45 milliards de yens du fait de l'absence cette année d'une rentrée exceptionnelle qui avait artificiellement gonflé le bénéfice de l'an passé.