Les Européens n'auront finalement pas attendu trop longtemps pour pouvoir officiellement jouer à Pokémon Go, jeu de réalité augmentée qui suscite les passions depuis des jours: il est depuis mercredi téléchargeable en Allemagne, les autres pays européens devant suivre.

Disponible aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande depuis la semaine dernière, le jeu de Nintendo, déjà téléchargé plus de 7 millions de fois, arrive ainsi officiellement en Europe.

Ce léger décalage n'a pas empêché les Européens de faire leurs premières armes ces derniers jours. Certains ont ainsi pu télécharger l'application directement en prétendant être domiciliés dans l'un des trois pays pionniers.

Jeu gratuit, Pokémon Go repose sur la réalité augmentée, technologie qui enrichit d'éléments virtuels le monde réel capté par l'appareil photo des smartphones. Il utilise la géolocalisation pour permettre à ses utilisateurs d'attraper des Pokémon, petites créatures aux formes et aux pouvoirs magiques multiples popularisées il y a près de deux décennies.

Dans les parcs, les stations de métro, les cafés, les terrains vagues... dans le monde entier, le nez collé au smartphone, des «chasseurs» tentent de mettre le grappin sur les petites créatures fictives.

Pokémon Go a déjà généré plusieurs millions de dollars de revenus. Le jeu est certes gratuit, mais l'utilisateur est incité à mettre la main à la poche s'il veut ajouter certaines fonctionnalités supplémentaires, par exemple acheter de quoi nourrir les monstres qu'il a attrapés.

Près d'une semaine après sa sortie, Pokémon Go fait figure de jeu le plus rentable sur les plates-formes de téléchargement d'applications des géants Google et Apple. L'application est la plus téléchargée de l'AppStore et concurrence Twitter en terme de trafic généré sur internet.

Le jeu s'est imposé auprès de tous les publics, virant quasiment à la folie - avec des effets qui vont du cocasse au dangereux.

«Situations dangereuses»

Les incidents se sont multipliés aux États-Unis, au point que les autorités américaines demandent désormais aux «chasseurs» de ne pas s'introduire dans des propriétés privées ou dans des zones interdites au public pour tenter d'attraper un Pokémon. Au Missouri, plusieurs joueurs ont déjà été attirés dans des traquenards pour être dépouillés.

En Pologne, l'ancien camp nazi d'Auschwitz-Birkenau, aujourd'hui un musée, a indiqué mercredi avoir demandé à Niantic, le développeur du jeu, de supprimer la géolocalisation du camp de l'application. «Nous estimons que cela trouble la mémoire des victimes du camp», a affirmé à l'AFP un porte-parole, Pawel Sawicki, et «nous jugeons ce genre de pratique déplacée».

À des milliers de kilomètres de là, un Australien a été licencié par son employeur singapourien pour s'être indigné sur Facebook que le jeu ne soit pas disponible dans son pays d'accueil, «p... de pays».

L'automobile club allemand ADAC estime que Pokémon Go pouvait «donner lieu à des situations dangereuses sur la route» et conseille vivement aux parents «de tester le jeu avec leurs enfants» avant de les laisser partir en chasse. «Les accidents du fait de manque de concentration ont nettement augmenté» ces dernières années, fait remarquer l'ADAC, et l'arrivée de Pokemon Go aggrave le danger.

Le fonctionnement du jeu est fondé sur l'identification des «Pokestops», les repaires des créatures en fonction de leurs caractéristiques, qu'elles soient plutôt attirées par l'univers urbain, l'eau, le feu, l'herbe, etc.

Une fois capturés, le but du jeu est de dresser les petits monstres pour prendre grâce à eux le contrôle de salles de gym virtuelles, qui sont désignées sur des cartes géographiques numériques. Le «chasseur», devenu «dresseur», peut augmenter la puissance de sa ménagerie en la nourrissant à la «poussière d'étoiles» et avec des «bonbons» propres à chaque monstre.