Des critiques relativement sévères à l'endroit d'Assassin's Creed Unity, le plus récent opus de la populaire série développée par Ubisoft Montréal, ont entraîné une rapide chute du titre d'Ubisoft, mercredi. Mais il n'y a pas lieu de paniquer, estiment au moins trois analystes qui ont émis des avis et que La Presse Affaires a consultés.

Mercredi, à la Bourse de Paris, l'action d'Ubisoft a perdu plus de 9% de sa valeur, principalement en raison de critiques assez dures à l'endroit de l'épisode Unity, lancé la veille. Les notes moyennes accordées par les critiques à Unity en font jusqu'ici l'édition la moins appréciée de la série.

Si la plupart des critiques saluent l'exceptionnelle qualité visuelle du jeu, en particulier sa reproduction de la ville de Paris au temps de la Révolution française, on en dénonce du même souffle l'instabilité technique, des lacunes dans le scénario et une tentative un peu trop visible d'arracher des dollars supplémentaires aux amateurs.

À cela s'est ajoutée une petite controverse autour d'une interdiction faite par Ubisoft aux journalistes de diffuser leurs critiques avant midi, jour du lancement, soit 12 heures après la mise en vente du jeu. D'aucuns ont accusé l'entreprise d'avoir ainsi voulu profiter de quelques heures de grâce pour masquer certaines faiblesses.

Pas de panique

Ces faux pas n'ont toutefois pas ébranlé les trois analystes financiers à avoir publié leur avis depuis la sortie d'Unity. Les trois ont maintenu leur recommandation (achat) et leur cible pour le titre.

Pavel Govciyan, de Natixis, qualifie la réaction des investisseurs de «disproportionnée».

«La note d'Assassin's Creed ne remet pas en cause notre scénario», écrit pour sa part Thomas Alzuyeta, de la société Gilbert Dupont.

Quant à Richard-Maxime Beaudoux, de Bryan, Garnier&Co, il relève que les notes accordées à Unity se situent entre celles accordées à Destiny et à Call of Duty, qui ont tous les deux connu un grand succès commercial.

Call of Duty, lancé la semaine dernière, a d'ailleurs lui aussi fait l'objet de difficultés techniques, qui ont été corrigées cette semaine avec la diffusion d'une mise à jour. Les analystes s'attendent à une situation semblable avec Assassin's Creed Unity.

Un automne propice

Par ailleurs, la situation reste exceptionnelle pour Ubisoft cette saison, relève M. Alzuyeta, grâce au report en 2015 d'une demi-douzaine de concurrents d'importance qui vont laisser les titres d'Ubisoft presque «seuls sous le sapin», en particulier pour les propriétaires de consoles de nouvelle génération.

Far Cry 4, lui aussi conçu à Montréal, et The Crew, attendu au début de décembre, devraient également bénéficier de ces absences.

Elle-même décalée de deux semaines, la sortie de Unity a probablement été «forcée» par la direction pour ne pas rater l'important Vendredi fou (Black Friday), estime l'analyste, tout en considérant cela comme une bonne décision.

Ailleurs dans les médias spécialisés, on s'est d'ailleurs réjoui d'une entrevue accordée par le vice-président à la création d'Ubisoft Montréal, Lionel Raynaud. Celui-ci y détaillait comment l'idée de confier la production d'un épisode de la série au studio de Québec allait permettre à celui de Montréal de souffler un peu et d'expérimenter davantage.

La panique de mercredi a d'ailleurs fait place à un vent d'optimisme jeudi, l'action d'Ubisoft reprenant un peu plus de 2%.