Tolkien a beau ne plus être de ce monde, ses récits lui survivent. À travers leurs adaptations sur grand écran par Peter Jackson, certes, mais aussi, depuis une dizaine d'années, les multiples adaptions sur console. Exception faite des versions Lego, ces dernières furent pour la plupart passables. Avec L'ombre du Mordor, Monolith nous offre peut-être l'expérience ultime de La Terre du Milieu.

IL NE SUFFIT QUE D'UNE HISTOIRE DE VENGEANCE

L'histoire de L'ombre du Mordor se déroule pendant le retour de Sauron. Une période non négligeable de la mythologie Tolkien. Sauron a repris des forces et retourne au Mordor. On se glisse dans la peau de Talion, un rôdeur dont la famille est tuée sous ses yeux et qui ne peut la retrouver dans la mort en raison d'une malédiction. Le seul moyen pour lui de lever cette malédiction sera d'obtenir la tête de son bourreau, la Main Noire de Sauron. L'ombre du Mordor s'avère donc une simple histoire de vengeance comme nous en croisons souvent. Le scénario est classique, mais maîtrisé. Il s'épanouit grâce à des mécaniques de jeu et un monde ouvert ingénieux.

QUAND DES ASSASSINS ET UN JUSTICIER SE RENCONTRENT

Les mécaniques de jeu de L'ombre du Mordor auront tôt fait de rappeler deux grands titres vidéoludiques. Talion a l'agilité dans les déplacements et l'escalade des protagonistes d'Assassin's Creed et les combats se comparent à l'expérience de Batman Arkham. La chimie opère très rapidement entre les deux principes. Il y a certes les lacunes au chapitre du déplacement avec les grimpettes aléatoires dont nous avons fait les frais dans les Assassin's, mais le tout est bien réalisé. Les combats sont dynamiques et brutaux. Sans compter que les pouvoirs de Talion, qui sont liés au fantôme d'un elfe, apportent une réelle dimension technique à nos approches furtive ou offensive.

LE SYSTÈME NÉMÉSIS, UNE IDÉE GÉNIALE

Atteindre les chefs de guerre de l'armée de Sauron ne se fait pas sans peine. Ils ont des capitaines et lieutenants sous leurs ordres. Monolith a donc eu la brillante idée de créer un organigramme intitulé Némésis. Chacun des capitaines et des lieutenants a ses forces et ses faiblesses propres que nous devons découvrir en interrogeant les sous-fifres qui gardent les lieux. Une défaite ne fera que renforcer notre bourreau, qui parviendra ainsi, peut-être, à monter dans la hiérarchie. Surtout, ce dernier ne manquera pas de nous rappeler notre défaite si l'on croise son chemin à nouveau. Némésis crée une histoire unique et une réelle interaction entre nous et ces orques en puissance. Il met de l'avant l'instinct de chasseur de Talion, invite à la réflexion et évite au jeu de souffrir du caractère répétitif des combats.

FACTURE GRAPHIQUE INTÉRESSANTE

Le Mordor impressionne visuellement et sa facture graphique, près des films de Jackson, plaît au premier coup d'oeil. Certes, les concepteurs se sont permis certaines interprétations personnelles, ce qui risque de hérisser les aficionados. Nous avons affaire à un jeu. Il est compréhensible que certaines incongruités soient présentes pour des raisons de diversité vidéoludique. La présence des Caragors est par exemple la bienvenue, même s'ils ne sont pas censés habiter le Mordor à cette époque. Ces créatures ne sont d'ailleurs pas les seules à pouvoir être domestiquées. La Main Noire de Sauron ne s'affronte pas seule.

DOIT-ON Y JOUER ? OUI

Le scénario de L'ombre du Mordor est très classique et certaines de ses missions tombent à plat. Ce sont plutôt les petites expériences aléatoires au fil des rencontres avec les êtres qui peuplent le Mordor qui sont enlevantes. Le Mordor y est lugubre, brutal, crasseux et vivant de méchanceté. Les combats sont nerveux, techniques, extrêmement violents et nous entraînent dans un apprentissage fort agréable. Les ennemis ne sont pas faciles à battre. Surtout s'ils sont en groupe. Notre jugement est sollicité et le système Némésis est exploité intelligemment. Au rythme où vont les choses, la suite de L'ombre du Mordor, s'il y en a une, risque d'être très impressionnante.

LA TERRE DU MILIEU : L'OMBRE DU MORDOR

Concepteur : Monolith 

Éditeur : Warner Bros. 

Consoles : PC, PS4, Xbox One, PS3, Xbox 360 

Cote : M (17 +) 

En français 

4 étoiles sur 5