Le créateur de l'emblématique jeu vidéo Call of Duty a été embauché par un groupe d'experts américains pour tenter d'imaginer ce que pourrait être la guerre du futur.

Le centre de réflexion Atlantic Council, spécialisé dans les affaires et conflits internationaux, a en effet recruté Dave Anthony, dont la franchise de jeux à succès a rapporté des milliards de dollars de revenus.

Il va diriger un groupe d'écrivains et de producteurs chargés de plancher sur la guerre du XXIe siècle.

L'initiative de l'Atlantic Council, baptisée Projet sur l'art de la guerre du futur, va débuter la semaine prochaine. Elle est née quand Steven Grundman, un ancien du Pentagone aujourd'hui membre de l'Atlantic Council, a été très impressionné par le scénario du jeu vidéo auquel jouait son fils.

Ce jeu n'était autre que le dernier opus de la série Call of Duty, baptisé Black ops II (Opérations clandestines II). L'action se déroule en 2025 durant une nouvelle guerre froide opposant cette fois les États-Unis et la Chine.

«Il a été bluffé par le réalisme avec lequel ce jeu décrivait un conflit du futur», raconte à l'AFP Dave Anthony.

Pour mettre au point cette histoire, Dave Anthony avait réuni un groupe éclectique réunissant notamment un scénariste, un auteur et un officier des Marines à la retraite.

«Vous mettez tout le monde dans une pièce et toutes les sensibilités différentes se rassemblent. Cette combinaison était fascinante. J'aimerais amener à Washington ce type de réflexion de groupe», raconte encore M. Anthony depuis sa maison de Bel Air, en Californie.

Le Britannique de 41 ans note qu'un certain nombre de scénarios, livres ou films existent déjà, qui dessinent les contours des menaces auxquelles les États-Unis pourraient avoir à faire face dans un avenir plus ou moins proche.

Attaque contre Las Vegas

«Le problème ne vient pas du fait qu'on ne sait pas à quoi s'attendre. Le problème c'est qu'on ne s'y prépare pas. Et le gouvernement n'est pas prêt à s'y préparer. C'est cet aspect-là que je veux examiner», ajoute Dave Anthony.

«Les réponses en général sont : "Nous n'avons pas d'argent pour cela", ou "On ne peut pas prévoir ce qui va se passer à l'avenir, donc pourquoi s'en soucier". C'est ça que je veux changer», note-t-il.

L'Atlantic Council dit de son côté être allé chercher Dave Anthony car les responsables de la sécurité nationale ne sont pas en mesure de suivre le rythme frénétique des changements qui secouent le monde, et de «nouvelles voies» sont nécessaires.

«Écrivains, producteurs et autres artistes (...) peuvent poser des questions différentes qui bouleversent les présomptions et la manière habituelle dont on traite les problèmes de sécurité nationale actuellement», note l'Atlantic Council dans un communiqué.

Et plutôt que de faire de banales présentations de tableaux «powerpoint» avec un rétroprojecteur, comme c'est souvent la norme dans les groupes de réflexion, Dave Anthony va montrer des vidéos léchées pour le lancement du groupe mardi à Washington.

L'une d'entre elles proposera aux spectateurs de réfléchir à une attaque contre Las Vegas similaire à celle de Bombay en 2008, où une douzaine d'islamistes avaient mené une opération de guérilla suicide en pleine ville, tuant plus de 160 personnes et en blessant au moins 300.

Pour Dave Anthony, le plus grand danger que courent le gouvernement et les militaires américains, c'est de refuser de prendre des risques.

«Le problème est que la prochaine attaque a beaucoup de chances de ne pas ressembler à la précédente», estime-t-il.

Alors que les États-Unis bombardent les positions du groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie, leurs représailles éventuelles ne viendront pas de manière conventionnelle, dit-il encore.

«La crainte serait que vous avez peut-être 100 militants de l'EI dans le pays aujourd'hui, et ils pourraient s'allier pour attaquer tous ensemble une cible facile. Je pense que ce sera le prochain 11-Septembre», envisage-t-il.

Et il est temps de se préparer pour de tels scénarios.

«Pourquoi se cacher la tête dans le sable et affirmer que cela n'arrivera pas sur le sol américain ? Que peut-on faire à propos de ça dès aujourd'hui ?», conclut-il.