Après un an d'éliminatoires impitoyables et de milliers d'heures passées devant les consoles, la finale du Mondial FIFA interactif a donné son verdict jeudi lors d'un grand évènement tenu près du Pain de Sucre de Rio de Janeiro.

«But de Neymar pour le Brésil!». Le commentateur crie dans son micro après l'ouverture du pointage de l'équipe du Danois August Rosenmeier, 18 ans, face à l'Allemagne du Britannique David Bytheway, 20 ans, sous les yeux d'environ 300 spectateurs.

Les deux jeunes hommes martyrisent tranquillement leurs manettes, visiblement pas intimidés par l'enjeu de l'évènement, également suivi en «live stream» par des dizaines de milliers d'internautes.

Pour en arriver à ce stade, ils ont dû passer par des sélections rigoureuses de la FIFA et de l'Américain Electronic Arts, le géant des jeux vidéo qui édite le jeu de simulation de football FIFA, référence du genre. L'avant-dernière version du jeu, FIFA 13, avait été vendue à 4,5 millions d'exemplaires à travers le monde.

900 matchs par mois

Selon la FIFA, quelque deux millions de joueurs ont participé à ces sélections en ligne pour tenter de faire partie de cette élite des as de la manette. Les plus assidus ont été les Européens, avec en tête les Français (11,7 %) et les Espagnols (9 %).

«Pour participer à la finale, il fallait être dans les deux premiers au classement mensuel mondial sur un total de 900 matchs», explique à l'AFP Johann Simon, un des cinq Français présents dans le cadre enchanteur du Moro da Urca, la montagne située sous le célèbre Pain de Sucre.

Johann Simon, 21 ans, est un des rares privilégiés accompagnés par un commanditaire. Il fait partie du «Team Millenium», qui finance ses voyages pour les tournois à l'étranger et lui verse une allocation mensuelle.

«Mais c'est juste un petit peu, souligne Johann, ce n'est pas assez pour vivre». Ces deux dernières années toutefois, il a pu participer à des compétitions à New York, Las Vegas, Londres et Amsterdam notamment.

Pour se qualifier, Johann a été classé premier d'un classement mensuel avec 845 victoires sur 900 matchs. Une performance qui a impressionné ses adversaires.

«Ce n'est pas les heures passées devant la console qui font la différence, il faut surtout être calme, avoir un bon synchronisme, une bonne anticipation et très bien connaître le jeu», explique Johann, éliminé de justesse au premier tour à Rio.

Des matchs commentés 

«Par exemple, il est bon de connaître les forces et les faiblesses de tel ou tel joueur pour savoir les utiliser au bon moment ou exploiter leurs faiblesses», poursuit son compère Adrien Viaud, un Nantais de 23 ans. Il précise aussi qu'il est important de jouer le plus souvent possible contre les meilleurs.

Johann et Adrien se sont toutefois enfermés pendant une semaine pour s'entraîner intensément au nouveau jeu Coupe du monde FIFA, utilisé pour cette finale.

Pas de doute, l'affaire est sérieuse. Et l'organisation millimétrée de la phase finale en témoigne. Deux écrans géants ont été disposés de part et d'autre d'une immense scène, des serveurs offrent des rafraîchissements au public et un duo de commentateurs, dont l'ex-vedette de Manchester United Dwight Yorke.

En bons professionnels, les deux hommes font vivre les rencontres en direct comme s'il s'agissait de vrais matchs. «C'est sûr, il n'est pas bon de laisser un joueur comme Cristiano Ronaldo seul dans la surface», «Oh là là, quel joueur ce Neymar, quelle percée!».

Pendant deux jours, les 20 joueurs ont dû en découdre lors de matchs de deux fois cinq ou six minutes. Un laps de temps qui peut sembler bref, mais qui produit son lot d'excitation et de tension nerveuse.

Parmi eux, cinq Français, trois Néerlandais, deux Bulgares, deux Roumains et deux Danois. Les non-Européens sont sous-représentés avec seulement un Américain et un Mexicain, et aucun Asiatique. Habitués à jouer en ligne et à se fréquenter lors des tournois, les jeunes gens se connaissent bien.

Cette année, c'est le Danois August Rosenmeier, N.3 mondial, qui a succédé au Français Bruce Grannec, champion l'année dernière à Madrid. Et il a empoché un gros chèque de 20 000 dollars remis par l'ex-vedette du football brésilien Ronaldo.

«Le Danemark n'était pas présent à la coupe du monde, mais au moins il a été bien représenté de manière interactive», a ensuite réagi le vainqueur, visiblement très ému.