Avec Beyond: Two Souls, exclusivité PS3, le concepteur Quantic Dream (Heavy Rain) explore une fois de plus l'espace fécond qui subsiste à mi-chemin entre le cinéma et les jeux vidéo. Ici, l'immersion naît de l'émotion, et le joueur qui se laissera entraîner par ce film interactif n'oubliera pas de sitôt son voyage entre deux mondes.

Oui : parce que ça marche

Beyond: Two Souls rejette sans retenue les principes vidéoludiques les plus communs. Pas de jauge de vie, d'inventaire ou de progression quantitative. Le joueur est aux commandes de Jodie, jeune fille habitée par de mystérieuses et puissantes capacités paranormales. Le participant évolue dans un scénario dense et obscur en interagissant avec les éléments de l'environnement qui sont marqués d'un point blanc ou bleu. Il doit être attentif aux détails, s'imprégner des dialogues et parfois mettre à profit ses réflexes au cours de scènes d'action afin d'orienter le récit selon ce que lui dicte sa perception des événements. Le rythme est généralement lent, mais envoûtant.

Oui : pour aller ailleurs

Le scénario s'étend sur une quinzaine d'années. Depuis qu'elle est petite, Jodie cohabite avec une présence invisible, une entité incorporelle capable d'interagir avec les objets et de contrôler certains êtres du monde réel. Rejetée par ses proches, mais réclamée par la CIA pour ses pouvoirs, elle franchit ainsi de nombreux chapitres de sa vie, cherchant sa voie à travers les passions, les doutes et l'avidité humaine. Quelque part entre le film Carrie, la série Fringe et les mythes de Lovecraft, Beyond: Two Souls s'approprie avec doigté de grands thèmes de la science-fiction et du surnaturel pour raconter une histoire complexe, laquelle peut se conclure d'une vingtaine de façons différentes, selon les décisions du joueur.

Oui : pour sa réalisation soignée

Afin de tirer le meilleur de cette expérience de cinéma interactif, le concepteur du jeu a fait appel à deux prestigieux comédiens du septième art pour incarner les héros. Ellen Page (Jodie) et Willem Dafoe (Nathan) ajoutent beaucoup de réalisme à l'oeuvre, grâce à leur talent, bien sûr, mais grâce aussi à une technologie de capture de mouvements faciaux et corporels brillamment exploitée. C'est en version originale anglaise que l'on tire le meilleur de la production, mais les mouvements naturels des personnages et le réalisme des décors y sont aussi pour beaucoup.

Non : pour ces petits moments qui nous font décrocher

Si la richesse du récit de Beyond: Two Souls peut être applaudie, il arrive tout de même que certains événements racontés s'intègrent mal au déroulement de l'histoire et nuisent à l'immersion. On passe parfois plusieurs heures à évoluer dans un nouvel environnement, sans trop comprendre en quoi cela fera progresser le scénario. De quoi donner le coup de grâce aux joueurs moins captivés.

Doit-on y jouer?

OUI

Beyond: Two Souls a assurément quelque chose à offrir. C'est un jeu qui ne prend pas le joueur pour un idiot et qui explore des thématiques émotionnelles inédites et des thèmes paranormaux insolites, tels que le voyage astral et la télékinésie. Un joueur attentif terminera le titre en une douzaine d'heures, mais il y a de fortes chances que sa curiosité le pousse à refaire l'aventure en entier afin d'explorer de nouvelles avenues narratives.

***1/2

Concepteur : Quantic Dream

Éditeur : Sony Computer Entertainment

Plateforme : PS3

Cote : M (17+)