Le conglomérat français Vivendi accélère sa transformation en «pure player» de médias et son désendettement en cédant le contrôle de sa juteuse filiale de jeux américaine Activision Blizzard pour 8,2 milliards de dollars.

Le propriétaire de Canal+ et d'Universal Music a annoncé vendredi la vente de plus de 85% de sa participation de 61,1% dans l'éditeur et développeur des jeux Call of Duty, Guitar Hero ou encore World of Warcraft.

L'opération, qui devrait être finalisée d'ici fin septembre, se fera au prix de 13,60$ par action. Le titre Activision Blizzard a clôturé à 15,18$ jeudi soir à New York.

Activision Blizzard va racheter 429 millions de ses propres actions pour 5,8 milliards de dollars. Dans le même temps, Vivendi cèdera à ASAC LP, un groupe d'investisseurs mené par les dirigeants d'Activision Blizzard, 172 millions d'actions de Activision Blizzard pour 2,3 milliards de dollars.

À terme, Vivendi ne conservera plus qu'une participation de 12%, qui sera bloquée pendant 15 mois.

«C'est un catalyseur positif malgré le prix bas», ont salué les analystes de Citi.

Il faut dire qu'en une semaine Vivendi a levé quelque peu les doutes des marchés sur sa mutation annoncée il y a un an quand il a lancé une revue stratégique de ses actifs.

La cession de la majeure partie de sa participation dans l'éditeur de jeux vidéo est la deuxième grande transaction qu'il réalise. Il a vendu mardi sa participation de 53% au capital de Maroc Telecom pour 4,2 milliards d'euros.

«C'est une très grande semaine pour nous. On peut dire que Vivendi fait ce qu'il dit», se réjouit-on au sein du groupe. Avec cette cession, Vivendi «avance dans sa recomposition annoncée vers de nouvelles étapes de croissance», a assuré le président du directoire Jean-François Dubos dans un communiqué.

Ces opérations vont permettre au groupe de télécoms et de divertissement d'alléger de «plus de la moitié» sa colossale dette de 13,2 milliards d'euros, souligne-t-on. Elles vont aussi réduire la décote de holding, ce qui fait remonter mécaniquement le cours de Bourse.

Normalement, Activision Blizzard de par sa nature -les contenus - est une activité qui entrait dans le nouveau périmètre délimité par Vivendi. Mais elle «est à risques et dépend du succès des blockbusters. On n'est pas convaincus que ça puisse durer avec l'arrivée de nouvelles consoles de jeu. En plus il n'y a pas de synergies avec les autres métiers ayant les contenus médias», explique une source proche du dossier.

Vivendi avait aussi une alternative qui consistait à ce qu'une partie de la trésorerie de 4,6 milliards de dollars de l'éditeur de jeux soit reversée aux actionnaires via un dividende exceptionnel, raconte une autre source, qui explique que les discussions ont commencé «il y a plusieurs mois».

«L'essentiel des cessions est terminé, maintenant il y a la partie télécoms, dont l'avenir de SFR, qui est en débat», indique-t-on désormais chez Vivendi.

«On étudie l'hypothèse d'un «split» avec SFR mais c'est une hypothèse parmi tant d'autres. On va statuer d'ici l'été prochain, on n'est pas pressés», confie-t-on encore au sein du conglomérat.

Selon ce scénario, SFR qui représente encore près de 40% du chiffre d'affaires du groupe de médias, serait séparé de sa maison mère, l'opérateur portant alors la majorité de la dette actuelle qu'il pourrait rembourser avec des cash-flows par la suite.

Les obstacles à ce schéma sont multiples: la baisse continue des bénéfices de SFR, la concurrence de Free Mobile et un durcissement de la législation, énumèrent les analystes de Citi.

L'opérateur télécoms brésilien GVT resterait, lui, à l'intérieur de Vivendi mais il pourrait être cédé à terme à l'espagnol Telefonica ou à Telecom Italia car il nécessite d'importants investissements dans le réseau.