Une occasion d'affaires se cache derrière chaque situation malencontreuse, disent les entrepreneurs les plus ingénieux. Les fondateurs de 3pod, eux, ont sauté à pieds joints sur la pénurie de main-d'oeuvre qui affecte certains secteurs, en particulier celui des jeux vidéo.

Frédérick Brassard a fondé 3pod avec son associé Stephan Bitton en 2007. C'était 10 ans jour pour jour après son embauche chez Ubisoft, où il était l'un des premiers employés.

Pendant cette décennie au sein de la société française de jeux vidéo, ce diplômé en administration de l'UQAM avait rempli plusieurs mandats, dont celui de mettre sur pied un département spécialisé dans le recrutement.

«Ma mission était de dénicher des gens dans le monde et de les faire venir à Montréal, résume-t-il. Je jouais à longueur de journée en m'attardant au générique à la fin et en essayant de sentir l'influence de chaque personne.»

Très près des équipes de production, qu'il comprend très bien, il finit par percevoir la faille qui mènera à la création de 3pod.

«Mes chums dans la production me racontaient des histoires terribles sur les agences de recrutement qui les appelaient. Ils me disaient: «Ils cherchent un modeleur, mais je suis un animateur. J'ai beau leur dire, ils continuent de me rappeler.» Ces agences ne comprenaient rien à cette industrie.»

Il s'adjoint donc les services de Stephan Bitton, qui avait auparavant fondé l'entreprise de revente de logiciels 3vis, pour fonder 3pod.

«J'ai beaucoup de qualités, mais j'ai aussi beaucoup de défauts, je savais qu'il y avait des choses que je ne pouvais pas faire dans une entreprise», témoigne-t-il humblement. Encore aujourd'hui, M. Brassard met surtout à profit son large éventail de contacts, pendant que M. Bitton et leur nouvel associé, Marc-Antoine Pinard, s'occupent de choses plus «sérieuses».

«J'arrive à être en contact avec des entreprises internationales qui ne nous parleraient jamais parce que je connais bien la production, explique M. Brassard. Elles me connaissent, elles me disent: «Toi, t'es le gars plein de tattoos qui connaît ça.» «

Axée uniquement sur le recrutement à ses quatre premières années d'existence, 3pod s'efforce depuis deux ans d'élargir sa clientèle. Du jeu vidéo, elle s'est étendue aux technologies en général et a aussi diversifié ses services.

«On travaille, par exemple, avec des PME qui viennent de recevoir du financement et qui veulent embaucher une quinzaine de personnes, mais qui ne savent pas comment. On voit ça souvent, des entrepreneurs qui s'imaginent qu'il suffit d'ouvrir les portes et que les gens vont venir. Mais 48 heures plus tard, ils se rendent compte qu'ils n'ont reçu aucune candidature.»

Souvent, la tâche de recrutement passe par une campagne de marketing.

«Les gens qui sont bons ont des jobs, ils ne vont pas venir chez toi juste pour le plaisir, résume M. Brassard. Parallèlement, donc, on «maquille» l'entreprise pour lui apporter une crédibilité de recrutement.»

3pod collabore aussi régulièrement avec Montréal International et Investissement Québec pour aider des entreprises étrangères à s'implanter au Québec. «Ça peut aller jusqu'à leur trouver un bon local situé là où elles réussiront à attirer les gens dont elles ont besoin», dit Marc-Antoine Pinard.

Entre autres projets, l'entreprise doit maintenant se concentrer sur sa propre croissance. Elle emploie actuellement 6 personnes, mais veut faire passer ce nombre à 15 avant la fin de l'année, notamment par l'entremise de l'ouverture de bureaux à Québec et Toronto. Le premier est identifié comme une priorité.

L'arrivée de M. Pinard, un ancien de Deloitte qui a beaucoup travaillé en Asie, servira aussi à développer ce marché, où 3pod fait déjà des affaires. «Récemment, on a recruté un gars à Londres pour l'envoyer en Chine», indique M. Pinard.

L'entreprise mijote aussi l'idée de créer son propre incubateur d'entreprises, avec un concept bien à elle.

3pod

Qui: Les deux fondateurs Frédérick Brassard et Stephan Bitton, leur nouveau partenaire Marc-Antoine Pinard et trois employés.

L'idée: Aider à la croissance des petites sociétés, surtout technologiques, notamment par le recrutement.

L'ambition: Permettre aux individus et leurs sociétés établies au Québec de conquérir le monde en leur donnant accès aux talents dont ils ont besoin, nationaux comme internationaux.

Ils y croient et y ont misé de l'argent: Les trois actionnaires Frédérick Brassard, Stephan Bitton et Marc-Antoine Pinard.