Les téléphones portables et les tablettes ont élargi le public des jeux vidéo dans des proportions insoupçonnées par l'industrie, obligeant les créateurs et les studios à s'adapter aux nouveaux supports et à simplifier leur offre, selon les professionnels du secteur.

Parmi les joueurs, d'un côté, on trouve les «aficionados», les purs et durs, experts en jeux vidéo complexes, qui utilisent les PlayStation, Wii et autres Xbox, et attendent avec impatience les sorties de leurs titres préférés.

De l'autre, se bouscule la nouvelle garde des joueurs d'un soir, qui s'amusent pendant quelques minutes en tapotant sur l'écran de leur téléphone portable dans la salle d'attente du médecin.

C'est parmi ces derniers que les fabricants de jeux vidéo voient un marché potentiel gigantesque, notamment depuis qu'Apple a lancé son iPhone en 2007.

«Les téléphones portables sont une nouvelle plateforme, comme Facebook. Et cette nouvelle plateforme ne touche pas le même public que les jeux sur console», explique à l'AFP Olivier Pierre, président de BulkyPix, un éditeur de jeux français riche d'un catalogue de 50 titres.

«Je ne vois pas vraiment de concurrence entre les téléphones et les consoles, même si elle pourrait apparaître dans le futur», à mesure que les appareils portables gagneront en qualité, ajoute-t-il.

Ces jeux, qui coûtent une poignée de dollars, voire rien du tout -- lorsqu'ils sont financés par la publicité -- s'adressent à des consommateurs qui ne joueraient pas sur d'autres supports.

Cette branche de l'industrie, en pleine croissance, a fait une entrée en force cette année au salon E3, la grand-messe mondiale du jeu vidéo à Los Angeles, qui s'achève jeudi.

L'éditeur japonais de jeux pour téléphones mobiles GREE et le leader des jeux sur réseaux sociaux Zynga sont présents à l'E3 pour la première fois, tandis que le géant Electronic Arts (éditeur de Battlefield, Los Sims ou Plantas Vs. Zombies) a réservé un espace spécial à ses titres pour tablettes et téléphones.

Parmi ces derniers: la course de voitures Need for Speed, le jeu d'action Tiny Trooper et The Act, une comédie romantique dans laquelle le joueur décide des émotions des personnages.

Tous ces titres se doivent d'être simples, pour ne pas frustrer le joueur amateur et peu entraîné, explique à l'AFP Eiji Araki, l'un des dirigeants de GREE. L'industrie doit donc s'adapter.

«Le jeu doit être pensé pour les tablettes et les téléphones. Le joueur sur appareil portable est différent de celui qui utilise des consoles. Il est toujours branché et peut jouer à n'importe quel moment. Les jeux ne doivent donc pas durer plus de deux ou trois minutes», dit le responsable de cette start-up prometteuse.

Pour certains experts, cette tendance conduit à développer des produits conçus pour tuer le temps, et non de vrais jeux vidéo.

Mais GREE, avec 60 titres, compte 230 millions de joueurs dans le monde et a connu une croissance de 4000% depuis 2008. Créée en 2004, la société a décidé en 2007 de s'orienter exclusivement vers les jeux créés spécialement pour les téléphones mobiles.

Cela n'empêche pas les créateurs de jeux «classiques» de continuer d'investir des millions de dollars dans des titres pour lesquels certains joueurs seront prêts à débourser 60 dollars -- sans compter le prix des consoles --, un investissement en temps et en argent que les joueurs du dimanche ne feraient pas si facilement.