Quantic Dream, l'éditeur français derrière le jeu vidéo Heavy Rain et un des pionniers français de la capture de mouvements tant pour le jeu que pour le cinéma, songerait à déplacer ses pénates de Paris vers Montréal, si le gouvernement français ne lui concède pas des avantages fiscaux comme ceux en vigueur au Québec.

Pour ce faire, le gouvernement français devra au moins prolonger son propre programme de crédits d'impôt. Ces crédits, pouvant atteindre 20 % des coûts de production pour un titre donné, ont officiellement pris fin le mois dernier.

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Prolonger ce programme ne sera toutefois pas tâche facile. Pour y arriver, Paris devrait puiser dans des coffres qui, crise financière oblige, ne sont pas loin d'être à sec. La France devrait par ailleurs se soustraire aux exigences de l'Union européenne, qui a imposé un arrêt des crédits d'impôt pour le secteur du jeu vidéo, entre autres, estimant ces crédits injustes envers les autres pays membres de l'union.

L'enjeu n'est pas mince pour la France. Si l'Hexagone ne prolonge pas son programme de crédits d'impôt, ce sera un au revoir Paris pour le studio de 75 employés que Quantic Dream possède dans la Ville lumière. Du moins, si on se fie aux propos tenus ces derniers jours par son coprésident Guillaume de Fondaumière.

Sur le site de GameIndustry.biz, M. de Fondaumière explique que «comme l'indiquent les autorités montréalaises (sic), le rendement sur leur crédit d'impôt de 37,5 % justifie à lui seul l'existence de ce programme depuis une quinzaine d'années. En France, les ministères de la Culture et de l'Industrie le savent et souhaitent conserver leurs propres mesures.»

Une des cinq plus importantes villes de l'industrie des médias numériques au monde, Montréal compte une cinquantaine d'entreprises spécialisées, qui emploient quelque 7000 professionnels. Encore l'an dernier, au moins cinq nouveaux éditeurs ont annoncé leur ouverture à Montréal. Au-delà des crédits d'impôt, le démarchage des porte-parole de l'industrie semble également faire mouche.

«Plusieurs pays nous approchent sur une base régulière, et si nous ne pouvons plus bénéficier d'un tel crédit d'impôt en France, nous n'aurons pas d'autre choix que de déménager certaines portions de notre entreprise dans un de ces pays», conclut d'ailleurs le coprésident de Quantic Dream.