Faute d'un encadrement fiscal avantageux, les éditeurs de jeux vidéo du Royaume-Uni déplorent une fuite des plus brillants cerveaux de leur industrie vers des terres étrangères. Première en lice : le Canada.

The Independant Game Developers' Association, ou TIGA, a sondé 104 entreprises anglaises, galloises et écossaises spécialisées dans le secteur du jeu vidéo afin de dresser un portrait de l'industrie locale. Un des traits dominants sortant de cette étude : plus de 20 % des entreprises sondées affirment avoir perdu des employés au profit d'éditeurs étrangers, au fil de la dernière année.

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Détail intéressant, l'étude cible précisément le Canada comme destination de choix pour ces travailleurs spécialisés désireux de mener une carrière profitable dans le jeu. « Plusieurs des travailleurs les plus talentueux ont été perdus au profit du Canada », peut-on lire en début de rapport.

Afin d'appuyer cette remarque, TIGA cite par ailleurs ESA Canada, l'association canadienne du logiciel de divertissement, qui affirme, dans une étude elle-même publiée à la fin mai, que depuis un an, « le Canada a été particulièrement efficace pour attirer au pays de l'investissement et du personnel qualifié de juridictions comme le Royaume-Uni. »

Les principaux studios accueillant ces travailleurs en exil et mentionnés par TIGA sont BioWare, Eidos et THQ, trois sociétés possédant des bureaux à Montréal, notamment. Ce que Richard Wilson, PDG de TIGA, leur reproche, c'est d'utiliser le contexte fiscal avantageux du Canada afin d'attirer les employés anglais qualifiés.

« Malheureusement, certains de nos concurrents d'outre-mer profitent d'un congé d'impôt qui leur laisse les moyens d'inciter certains travailleurs à travailleurs pour eux et, ainsi, à se tenir loin du Royaume-Uni. Ça ne pénalise pas seulement l'industrie du jeu vidéo, ça pénalise toute l'économie anglaise. »

Le Canada, par l'entremise de certaines de ses provinces, dont la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Québec, offre des conditions fiscales généreuses aux entreprises du jeu vidéo désireuses de s'installer sur son territoire. Le succès de cette formule a fait des petits jusqu'aux États-Unis.

Ce que TIGA propose à son gouvernement, c'est ni plus ni moins de reproduire ce modèle au Royaume-Uni. « Le Royaume-Uni devrait être inquiété par la perte de gens particulièrement qualifiés du secteur du jeu vidéo. Un exode des cerveaux ne peut que nuire au pays. Nous continuons donc de soutenir qu'un allègement des taxes et impôts contribuerait à rendre notre industrie plus compétitive et à stopper cette fuite de talent », conclut Jason Kingsley, chef du conseil de TIGA.