L'arrivée de l'éditeur de jeu social Playfish à Montréal place la métropole montréalaise parmi les rares pôles internationaux de l'industrie créant des jeux sous toutes les formes: consoles, PC, mobile et social. À l'heure où les éditeurs parlent de convergence entre toutes ces plateformes, Montréal semble donc bien situé pour en profiter.

L'éclosion du jeu social et du jeu mobile semble poser de nouveaux défis, et de nouvelles occasions d'affaires, aux éditeurs de jeux vidéo. Stéphane D'Astous, directeur général d'Eidos Montréal, propriété du géant japonais Square Enix, revient tout juste de la Game Developers Conference (GDC), à San Francisco, où il a constaté que cette convergence était un sujet chaud cette année.

Alors que la communauté de joueurs n'en a que pour l'Electronic Entertainment Expo, ou E3, le GDC est le rassemblement phare annuel pour les acteurs de l'industrie, où se donnent ateliers et conférences sur les grands enjeux du moment.

«L'an dernier, on parlait beaucoup du jeu en nuage (cloud-gaming). Cette année, le jeu social, comme on en trouve sur Facebook, prend plus de place. Tout le monde au GDC pose la question: comment rendre un nouveau produit disponible en même temps sur PC, sur les consoles, sur mobile et sur les médias sociaux?» dit-il.

L'enjeu n'est pas mince, tant pour Eidos Montréal que pour des multinationales comme Electronic Arts, qui a fait l'acquisition du studio londonien Playfish en novembre 2009, au coût de 400 millions de dollars. Alors qu'un jeu sur console (PlayStation, Wii, Xbox) peut coûter des dizaines de millions de dollars à concevoir, un jeu mobile ou social exige des ressources moins importantes, mais le potentiel de succès est tout aussi grand.

Deuxième de ce créneau émergent derrière le Californien Zynga, Playfish en sait quelque chose: ses titres les plus populaires se trouvent sur Facebook, un créneau en forte croissance ces jours-ci: à eux seuls, les jeux sur Facebook devraient engranger des revenus de 1,1 milliard de dollars en 2011, des recettes de 27% plus élevées qu'en 2010.

Au coeur de la convergence

Dans ce contexte, l'inclusion de toutes les plateformes dans la création d'un nouveau jeu permet d'amortir les risques financiers. EA, qui a souffert de la baisse de régime de l'industrie depuis deux ans, n'est pas insensible à ce phénomène. L'arrivée de Playfish à Montréal se fait d'ailleurs avec comme objectif de produire des jeux qui seront conçus conjointement avec la filiale Mobile d'EA Montréal.

Dans ce mouvement de convergence, la métropole québécoise possède des atouts insoupçonnés: Étienne F. Carrier, responsable du développement pour iWeb, a visité le GDC pour la première fois cette année. Son objectif: inciter les grands studios d'ici et d'ailleurs à héberger leurs données sur ses nombreux serveurs de L'Île-des-Soeurs ou de l'Est montréalais.

«Ces nouveaux types de jeux ont besoin d'héberger beaucoup de données, près d'où la clientèle réside, pour assurer un service rapide. Nous offrons un pied-à-terre en Amérique qui n'est pas soumis au Patriot Act américain, ce qui semble plaire à bien des dirigeants rencontrés au GDC», assure-t-il.

Les studios de pointe misent aussi sur la convergence. Reconnue pour son expertise en matière de consoles, Eidos Montréal compte s'allier avec d'autres entreprises spécialisées dans les autres formes de jeu pour ses prochains produits. «Ça demeure encore très expérimental, mais c'est la prochaine grande tendance: la fameuse convergence dont on parle depuis 10 ans est enfin là. Ça demande réflexion de la part des gestionnaires, mais la ville de Montréal est chanceuse: c'est une des rares à posséder de l'expertise dans toutes ces spécialités», conclut Stéphane D'Astous.

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