Les créateurs de jeux vidéo ont rendez-vous cette semaine à San Francisco pour confronter leurs idées et créations et tenter de déchiffrer l'avenir, dans un secteur bouleversé par l'importance croissante des réseaux sociaux et de l'internet mobile.

Plus de 18 000 professionnels sont attendus à la Conférence des développeurs de jeux (GDC) qui s'ouvre lundi, ce qui en fait l'un des plus grands rassemblements du secteur au monde.

«Ces dernières années les développeurs traitaient les jeux sociaux (ceux qui se jouent à plusieurs et à distance sur Facebook, comme par exemple Farmville, Millionnaire City, etc.) comme des citoyens de seconde zone par rapport aux consoles», explique Scott Steinberg, analyste chez TechSavvy Global. «Maintenant, ils doivent se rendre compte que c'est bien là que pourrait se trouver leur avenir».

Selon le cabinet de marketing eMarketer, les jeux se jouant sur les réseaux sociaux, qui font collaborer ou concourir divers membres d'un même réseau d'amis, devraient enregistrer un chiffre d'affaires de plus d'un milliard de dollars cette année.

Facebook, qui s'est imposé comme le premier réseau social au monde avec plus d'un demi-milliard d'utilisateurs, profite largement de cette manne: environ la moitié de ses membres s'adonnent à ce type de jeux, et il se réserve environ 30% des recettes associées, tirées de la vente de biens virtuels et de la publicité.

La société Hi5 devrait présenter au salon de San Francisco une plateforme intitulée SocioPay, destinée à augmenter les recettes gardées par les créateurs, dans le prolongement du portail SocioPath, qui permet de jouer à ces jeux sociaux en dehors de Facebook.

«Les jeux sociaux vont continuer à progresser de façon exponentielle, et notamment en échappant aux limitations de Facebook», prédit pour l'AFP le président de Hi5, Alex St. John.

SocioPay revendique un système permettant de «séparer intelligemment les gens qui sont prêts à payer (pour des biens virtuels) et les autres, et ensuite monétise ceux qui ne paient pas avec de la pub», selon M. St. John. Une fonction utile, puisqu'il se dit que moins de 2% des joueurs achètent des biens virtuels.

Une autre société, Blue Noodle, va révéler sa technologie Clickstrip, qui offre des points aux joueurs qui cliquent pour regarder des spots publicitaires de 30 secondes. «Les marques sont en train de vraiment s'intéresser à l'espace social», assure le directeur général de Blue Noodle Lesley Mansford.

Parmi les éditeurs, Habbo Hotel, propriété du finlandais Sulake qui s'adresse particulièrement aux jeunes et adolescents, annonce des versions pour tablettes pour la fin de l'année, quand l'iPad d'Apple sera concurrencé par de nouveaux appareils fonctionnant avec le système Android Honeycomb de Google: son vice-président Teemu Huuhtanen est convaincu que «les jeux sociaux vont migrer sur les tablettes».

L'adaptation des jeux aux appareils portables sera ainsi un des thèmes du salon, tout comme les jeux prenant la forme de services en ligne.

Les jeux en trois dimensions, compatibles par exemple avec la nouvelle console portable DS de Nintendo, et ceux destinés aux capteurs de mouvement comme le système sans manettes Kinect de Microsoft, la Move de Playstation ou la Wii de Nintendo, devraient aussi susciter un fort intérêt.

Le succès de Kinect, vendu à huit millions d'exemplaires durant les 60 premiers jours de sa sortie, et celui de la Move, prouvent en effet qu'il reste un marché pour les jeux de consoles.

«Tout le monde essaie de comprendre où est l'avenir», résume M. Steinberg. «On voit encore des studios qui ferment, des géants de l'édition qui se réinventent, et la communauté des développeurs se rend compte du pouvoir qu'elle a de vendre directement aux consommateurs».