Le tsunami commercial de l'iPhone, le téléphone intelligent d'Apple, a imprimé une poussée puissante à l'industrie des jeux vidéo de Montréal, que l'on pourrait comparer à un personnage électronique surfant vigoureusement au sommet de la haute vague de ventes.

Outre les fonctions habituelles des téléphones portables, l'iPhone offre celle de l'App Store qui permet le téléchargement de multiples applications, dont notamment les jeux, qui souvent ne coûtent presque rien.

«L'iPhone a permis de démocratiser l'accès aux jeux, les rendre faciles à consommer, les rendre accessibles au niveau du prix», dit Alex Thabet, PDG de Ludia, une société installée dans le vieux Montréal.

«On parle aujourd'hui de 300 000 applications sur l'App store. Donc c'est un marché extrêmement compétitif qui met énormément de pression sur les prix», explique-t-il.

Avec cent millions d'iPhones et d'iPods vendus dans le monde, le marché est immense et les créateurs de jeux vidéo de Montréal, réputée pour être leur capitale, du moins pour la côte Est de l'Amérique, font feu de tout bois.

Couleur, animation, personnages sympathiques, sont les armes pour séduire le joueur sur iPhone.

«C'est vrai que, sur les iPhones, le jeu est plus petit. Donc il faut souvent exagérer les mouvements, les rendre plus dynamiques», dit Huu-Le Nguyen, animateur vidéo chez Gamerizon.

Au coeur de Montréal, le jeu sur iPhone fait la fortune de Gamerizon, une jeune entreprise qui lui consacre désormais tous ses talents (moyenne d'âge des salariés: 33 ans). La stratégie est un succès : plus de 5 millions de téléchargements et une rentabilité exceptionnelle qui révolutionne toute l'industrie du secteur.

«Ce sont des jeux de très courte durée et le fait de pouvoir les faire de façon très rapide, avec un cycle de développement de trois à quatre mois maximum, fait en sorte que les petits développeurs peuvent rivaliser avec les plus grands. C'est ce qu'on a découvert il y a 6 mois et c'est ce qu'on fait depuis», dit le PDG de Gamerizon, Alex Sakiz.

Son discours sur les jeux courts irait droit au coeur de Yann Lee, un consommateur compulsif de 36 ans. Courses de voitures et autres jeux, il en a déjà une cinquantaine sur son iPhone et leur nombre augmente chaque semaine.

«Souvent, quand tu attends quelqu'un au resto, tu t'ennuies un peu... ou quand tu attends l'avion. C'est très pratique, quand tu n'as rien à faire justement, tu as un truc pour passer le temps», explique Yann.

«Ce qui est bien, c'est que tu peux les essayer et c'est pas super cher: (...) un dollar l'application, pour la plupart d'entre elles. Si tu n'aimes pas vraiment le jeu, tu te dis, finalement, c'est juste un dollar».

Apple prélève 30 % du prix de chaque jeu vendu. Une marge importante, mais bien loin de freiner la course des producteurs vers cette mine d'or numérique: en un an et demi à peine, l'iPhone s'est emparé de 20% du marché des jeux portables et de 5% du marché global des jeux vidéo, estimé à environ 50 milliards de dollars américains par an.

Une source d'optimisme pour les conférenciers et les centaines de participants du Sommet international du jeu de Montréal (Montreal international game summit ou MIGS) qui s'ouvre lundi pour deux jours dans la grande ville québécoise, un rendez-vous désormais traditionnel organisé par l'Alliance numérique, le réseau d'affaires des nouveaux médias.