Après les studios de cinéma, les créateurs de jeux vidéo sortent leurs premiers titres en 3D, un pari risqué quand peu de foyers sont équipés en écrans et lunettes compatibles.

Conduire une voiture de rallye dans un décor en relief, jouer au tennis et sentir la balle virtuelle se diriger vers soi: en pointe sur les technologies 3D, le géant japonais Sony a fait démonstration de son savoir-faire au salon du jeu vidéo Gamescom.

Nous «sommes très actifs (sur ce segment) et proposons déjà un grand nombre de produits sur le marché», a expliqué à l'AFP Kazuo Hirai, le patron de Sony Computer Entertainment, à l'ouverture de ce salon qui se tient jusqu'à dimanche à Cologne (ouest de l'Allemagne).

Le groupe japonais a doublement intérêt à développer ces technologies. Fournisseur de contenus comme les jeux vidéo, il est également le principal constructeur d'écrans compatibles, un marché encore confidentiel.

Sony table sur «les programmes de télévision en 3D, les films de cinéma 3D sur disque Blue-Ray ainsi que sur les jeux vidéo» en 3D pour faire décoller ses ventes de matériel, précise-t-il.

Un large choix de titres est crucial pour convaincre les consommateurs d'acquérir un écran compatible, pour environ 2000 dollars, et de chausser les indispensables lunettes polarisantes.

Et le jeu vidéo se prête encore mieux que le cinéma à la 3D, «car tout y est créé par ordinateur», ajoute-t-il.

Créer un titre en 3D revient toutefois environ 20% plus cher qu'un jeu vidéo classique, soit un surcoût d'un million d'euros pour un jeu important, affirme à l'AFP Olivier Wolff, vice-président de Warner Games, filiale du studio de cinéma américain Warner Bros.

Lui aussi a «placé la 3D au coeur de (sa) stratégie», mais reconnaît que «le marché va mettre encore deux ou trois ans à se lancer». Il estime qu'un foyer sur 10 sera alors équipé d'une télévision compatible, et compte proposer 20% de son catalogue en 3D.

La priorité est au développement de jeux de course et de combat, pour lesquels les images en relief sont les plus impressionnantes, poursuit-il.

Le studio va notamment lancer une version 3D du Seigneur de Anneaux ainsi qu'un nouvel épisode, le neuvième, de sa série Mortal Kombat.

«Avec la 3D, nous pouvons déplacer la caméra de façon à ce que les joueurs voient les objets bondir hors de la télévision», fait valoir Ed Boon, créateur de cette série de combat urbain devenue culte.

Des effets à outrance pourrait rendre les jeux plus difficiles à manier, et augmenter la fatigue visuelle.

«Il faut trouver un équilibre entre ce qu'on peut imaginer (avec la 3D) et ce qui est confortable et agréable» pour le joueur, précise Matt Southern, qui a dirigé le développement du jeu de course automobile en 3D Motorstorm 3 pour Sony.

Tous les acteurs du jeu vidéo ne partagent d'ailleurs pas l'enthousiasme de Sony pour la 3D.

Le japonais Nintendo se lance aussi, mais choisi de développer sa propre technologie. Sa nouvelle console portable, la 3DS, pourra afficher des images en trois dimensions sans lunettes - mais sur un petit écran.

L'américain Microsoft est lui nettement en retrait, et préfère développer sa nouvelle technologie de jeux sans manettes, pour toucher un public familial.

«L'équipement n'est pas encore là et les lunettes sont un frein au développement de la 3D», justifie Benoît Fouillet, chef de produit chez Microsoft.