L'industrie du jeu vidéo projette une image plutôt masculine. Lorsque l'on pense au gamer type, la première image qui vient en tête n'est pas celle d'une jeune femme au look tendance. Et pourtant, Gina Desjardins est devenue en quelques années une référence dans le domaine.

La geekette en goguette tient un blogue (ginadesjardins.wordpress.com), participe à l'émission M. Net à Musique Plus, écrit dans plusieurs magazines et fait la tournée des grands événements nord-américains du jeu vidéo. En fin de semaine, elle est à Québec, sa ville natale, pour participer au Bivouac urbain en tant que membre du jury.

 

Difficile de travailler dans un milieu masculin? «C'est super! Tu ne fais pas la file pour aller aux toilettes dans les congrès, répond Gina Desjardins en riant. Plus sérieusement, c'est certain qu'il y a encore des préjugés, mais ça ne vient pas du milieu. Les autres journalistes ne sont pas du tout machos, c'est très amical.»

 

Ce sont plutôt les personnes qui ne connaissent pas l'industrie qui ont des préjugés, affirme-t-elle. «Comme je suis une fille, les gens pensent que je ne m'intéresse qu'à des jeux comme The Sims. Pourtant, même si je n'aime pas les shooters, l'un de mes jeux préférés est God of War, qui est assez sanglant.»

 

Elle s'insurge d'ailleurs contre la réputation qui est faite aux passionnés de jeux vidéo. «Je ne comprends pas pourquoi dans la tête des gens le jeu est différent de n'importe quel autre passe-temps. Il y en a pour qui c'est le cinéma, d'autres, la lecture ou le sport. Et l'un n'empêche pas l'autre. J'aime les jeux, c'est mon travail, mais j'aime aussi la mode et je fais beaucoup de sport.»

 

Et voilà pour l'image de l'ado enfermé dans son sous-sol, les yeux cernés et la manette soudée à la main. «Mon objectif est de montrer aux gens et aux parents les côtés positifs des jeux. Évidemment, il y a des jeux violents, mais, comme pour les films, ils sont classés 18 ans et plus.»

 

Un exemple récent de la mauvaise image des jeux vidéo qui l'a fait grimper aux rideaux est le lien qui a été tracé entre le jeu Grand Theft Auto et le car surfing. «Ça m'a tellement enragée! D'abord, les jeunes de moins de 18 ans ne devraient pas avoir ce jeu entre les mains. Il est classé pour adultes. Ensuite, les gens savent faire la différence entre le jeu et la vraie vie. D'ailleurs, dans la plupart des jeux, lorsque tu enfreins les règles, il y a des conséquences et ça devient rapidement injouable.»

 

Secteur négligé

 

Homme ou femme, gagner sa vie en couvrant le domaine du jeu vidéo n'est pas évident. «Les médias traditionnels ne font pas beaucoup de place au jeu vidéo, déplore Gina Desjardins. Pourtant, Québec et Montréal sont la preuve de tout le dynamisme et la créativité qu'il y a dans cette industrie. Il m'est arrivé de soumettre des idées très intéressantes qui ont été refusées et, quelques mois plus tard, de lire des articles sur les mêmes sujets dans des magazines comme Men's Health

 

Elle cite à ce sujet une récente étude sur les habitudes de consommation des Américains qui établit que, dans la dernière année, une plus grande proportion d'Américains ont joué à un jeu vidéo plutôt que d'aller au cinéma.

 

«C'est pourquoi, quand je reviens à Québec et que je vois toute la place que l'industrie a prise, ce que des gens comme Dominique Brown, de Beenox, et Philippe-Antoine Lehoux, du Bivouac urbain, réalisent, ça me remplit de fierté. C'est surprenant de voir à quel point on est reconnu dans l'industrie.»