Pour l'industrie du jeu vidéo, le paradis se trouverait-il maintenant en Ontario? L'annonce, au début de la semaine, d'Ubisoft et du gouvernement ontarien d'investir 800 millions $ - 263 millions $ proviendront de la poche des contribuables - au cours des 10 prochaines années pour l'ouverture d'un studio de développement à Toronto montre que la stratégie de nos voisins de la province d'à côté visant à faire les yeux doux à l'industrie mondiale du logiciel de divertissement commence à porter fruit.

«Aux prises avec la chute de l'industrie automobile, l'Ontario a compris, à son tour, que la nouvelle économie était payante», avance Gilbert Ouellette, directeur général du Regroupement des producteurs multimédia.

Le gouvernement de Dalton McGuinty a pris les moyens pour jouer les séducteurs. Dans son dernier budget, il a mis de l'avant une panoplie de mesures fiscales qui, de l'avis de Pierre Proulx, directeur général de l'Alliance numérique, devraient faire rougir d'envie le nouveau ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Clément Gignac.

«Si le Québec a été le premier à offrir des incitatifs fiscaux aux entreprises de jeux vidéo, il a été rejoint et même dépassé par plusieurs autres provinces», ajoute M. Proulx, dont l'organisme représente 150 sociétés oeuvrant dans le divertissement interactif et l'apprentissage en ligne.

L'Ontario, qui fait des pieds et des mains depuis plusieurs années afin que Toronto gagne du terrain sur Montréal et Vancouver au palmarès des plus importants employeurs au pays dans le secteur du logiciel du divertissement - Vancouver compte 42 % des emplois et Montréal 32 % - ne recule pas sur la dépense.

Alors que le Québec peut subventionner jusqu'à 30 % du salaire des employés des compagnies de jeux vidéo, l'Ontario le fait maintenant à la hauteur de 40 %. L'Ontario rembourse à 100 % les dépenses de sous-traitance alors que le Québec n'en reconnaît que 50 %.

En ce qui a trait aux frais de commercialisation et de distribution, l'Ontario verse un crédit d'impôt pour des dépenses pouvant atteindre 100 000$. Le Québec n'accorde aucune aide financière à ce chapitre.

Et contrairement à la situation existante au Québec, l'aide reçue des fonds privés spécialisés dans le soutien à la production n'a pas d'effet réducteur sur les crédits d'impôt en Ontario.

Au cabinet du ministre Clément Gignac, l'attachée de presse, Anne-Sophie Desmeules, refuse de dire si le gouvernement va ajuster son programme d'aide à l'industrie du jeu vidéo à celui de l'Ontario comme le lui recommandent l'Alliance numérique et le Regroupement des producteurs multimédia.

«Le Québec demeure un endroit privilégié dans le monde pour faire des investissements dans le secteur des jeux interactifs et nous allons continuer de maintenir nos efforts», a-t-elle mentionné en soulignant que le ministère «demeurait à l'écoute de ses partenaires» de l'industrie.

Et Québec?

La Ville de Québec doit-elle craindre la menace ontarienne?

Selon le pdg de PÔLE Québec Chaudière-Appalaches, Carl Viel, l'industrie du divertissement interactif suscite la convoitise de la part de plusieurs marchés. La menace est donc planétaire.

«Les mesures fiscales font partie des facteurs attractifs tout comme la disponibilité d'un main-d'oeuvre compétente et la qualité de vie offerte par les milieux», affirme M. Viel en précisant qu'il fallait jouer sur tous les tableaux à la fois.

«Il faut aussi trouver des niches bien à soi et je crois qu'avec l'intégration que l'on fait à Québec entre le jeu, l'optique et les arts, nous pouvons trouver un bon filon.»

Avec 1000 emplois dans le jeu vidéo, Québec arrive derrière Montréal, Vancouver et Toronto, mais devant Ottawa, Calgary, London, Charlottetown et Winnipeg.

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