La cyberdépendance est encore bien tabou. Certains en souffrent, mais peu savent attribuer un nom à cette obsession du jeu par ordinateur. De leur côté, les intervenants sont de plus en plus conscients du problème et se penchent davantage sur le nouveau phénomène.

Difficile d'évaluer l'ampleur de la cyberdépendance. Les données concernant le nombre de personnes qui en souffrent n'existent pas encore. Par contre, conscients du problème, les intervenants du milieu se penchent sur ce nouveau mal qui bientôt, joindra les loteries-vidéo, paris sportifs, cartes, bingo et machines à sous dans les statistiques.

 

Du côté de la maison d'hébergement Le Séjour de Jonquière, qui traite des problèmes de jeu, d'alcool et de drogue, on reconnaît qu'il y de plus en plus de cas de cyberdépendace mais les gens demandent peu d'aide.

«Le phénomène est en augmentation, c'est clair. Le sujet est assez tabou, je pense que c'est un des facteurs qui explique que nous ne recevons pas beaucoup de demandes. La toxicomanie, on en parle depuis longtemps. La cyberdépendance, c'est nouveau. Nous sommes conscients qu'il y a un problème social de surconsommation d'internet même s'il n'y a pas beaucoup de demandes», affirme Christine Boily, travailleuse sociale en toxicomanie et en problème de jeu de toutes sortes à la Maison d'hébergement.

Aide

Le service Jeu: aide et référence vient en aide aux personnes souffrant de problèmes de jeu excessif de toutes sortes et à leur entourage. La ligne téléphonique du service offre écoute et soutien.

«On a de plus en plus de cas de cyberdépendance même si ça représente encore un faible pourcentage. Dans la majorité des cas, c'est l'entourage qui appelle. Ce n'est pas aussi connu ou reconnu que le jeu compulsif. Certaines personnes reconnaissent qu'elles ont un problème mais les gens ne sont pas toujours capables de mettre un nom dessus», explique Monique Cantin, responsable des communications. «Les pratiques du jeu se diversifient.»

Un comité consultatif formé d'une dizaine de membres a été mis sur pied en 2006-2007 afin de conseiller la direction quant aux divers aspects du mandat spécifique de Jeu: aide et référence. Les membres du comité se sont rencontrés à deux reprises cette année et ont échangé notamment sur les demandes d'aide concernant les jeux par internet et la cyberdépendance.

Les gens qui en ressentent le besoin ou qui s'inquiète du comportement d'un proche peuvent communiquer avec la ligne téléphonique Jeu: aide et référence au 1-800-461-0140 et au 1-866-SOS-JEUX. Le service est offert en tout temps et gratuitement partout au Québec.

 

En bref

«World of Warcraft» ou «WOW» est un jeu de rôle en ligne massivement multijoueur. Il s'agit d'un type de jeu vidéo associant le jeu de rôle et le jeu en ligne. Le jeu se déroule dans un univers médiéval-fantastique. Le jeu apparu au Canada en novembre 2004 permet à un grand nombre de personnes d'interagir simultanément. Le monde virtuel dans lequel les personnages progressent continue à évoluer même lorsque le joueur n'est pas connecté.

Pour jouer, les internautes doivent se procurer le jeu puis défrayer des coûts mensuels.

Pour s'équiper et pour gagner de la force, les joueurs doivent combattre différents ennemis. En revanche, il existe un marché noir où des pirates vendent le «gold», la monnaie d'échange qui permet d'acheter des équipements, contre de l'argent réel.

Ce type de jeu demande une implication importante qui crée des rapports sociaux entre joueurs.

Ceux-ci communiquent d'ailleurs entre eux grâce à un système de communication vocale.

Selon plusieurs sources, ce type de jeu peut entraîner une réelle dépendance,au même titre que les drogues.

Selon Blizzard Entertainment, la société qui a développé le jeu, depuis 2005, World of Warcraft est le plus populaire des jeux du genre. Onze millions de joueurs actifs sont actuellement enregistrés dans le monde.