Peu connus des Québécois, Les Studios Longtail de Québec sont spécialisés dans les jeux pour téléphone cellulaire. Toutefois, la dizaine de jeux produits en trois ans, depuis la création du studio à Québec, est accessible partout dans le monde sauf au Canada à cause du système de diffusion des grands opérateurs de la téléphonie cellulaire au pays, comme Bell, Telus et Rogers.

«Nous espérons pouvoir offrir nos jeux aux Québécois d'ici la fin de l'année», précise Mme Estelle Jacquemard en entrevue. Si elle le pouvait, elle doublerait le personnel des Studios Longtail de Québec. Ce ne sont pas les idées ou les projets qui manquent à la directrice générale, mais les candidats. Ils sont 94 employés et Longtail est toujours en phase de recrutement.

C'est la plus grosse équipe du groupe, dont la maison mère compte 25 personnes à New York où elle a été fondée en 2003. Depuis la création du studio de Québec en 2005, Longtail a ouvert un autre studio en 2007 à Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard.

Les Studios Longtail sont la propriété de l'un des cinq frères Guillemot, tous dans le monde du jeu vidéo, avec Ubisoft notamment. Si Longtail fait partie de la grande famille française, l'entreprise est indépendante d'Ubisoft depuis sa création.

Elle loge dans le même édifice du quartier Saint-Roch, sur Charest. Sans être à l'ombre du grand frère, Longtail a pu bénéficier du support, de l'expertise et du soutien logistique d'Ubisoft pour ses premiers pas dans la capitale.

Dans le monde du jeu vidéo, les jeux sur téléphone cellulaire sont une catégorie à part.

«Ils s'adressent à une clientèle plus jeune, pas nécessairement joueuse dans l'âme, souligne Mme Jacquemard. Ce n'est pas la même que les habitués des consoles. Les jeux sont faits pour passer le temps dans l'autobus, en attendant le métro ou entre deux rendez-vous.» Il ne faut pas les réflexes que l'on doit avoir avec une manette, ce sont d'abord des histoires, du texte et des décisions à prendre pour orienter l'aventure dans une direction.

«Ce sont des jeux de caractères, raconte Mme Jacquemard. Caractère à cause du texte, mais aussi à cause du tempérament des personnages. Ce sont des histoires interactives non linéaires. Selon les décisions du joueur, l'aventure prendra une autre tournure. Dans le jeu de lutte TNA Wrestling, le comportement du lutteur en dehors du ring aura une incidence sur ses combats. Dans Battle Rapper, il faut non seulement avoir de bons mots pour le combat hip-hop, mais aussi le sens du rythme.»

Contrairement aux mondes des consoles où les modifications des appareils mettent quelques années, dans l'univers de la téléphonie cellulaire, les compagnies produisent de nombreux modèles chaque année avec des caractéristiques physiques et techniques différentes.

Les développeurs doivent adapter le jeu à des centaines d'appareils et les testeurs passer des mois à relever les bogues possibles sur tous les appareils.

«Il faut pratiquement autant de temps à déployer le jeu sur les téléphones qu'à le concevoir et à le mettre en forme», explique la directrice générale. Et cela, sans compter l'adaptation culturelle des scénarios en fonction du pays de diffusion, les mêmes mots n'ont pas le même sens partout.