À quand un jeu tiré du dernier Batman? Où en est le film tiré du célèbre jeu «Prince of Persia»? Le mariage jeu vidéo et cinéma a de l'avenir, pour le meilleur et souvent pour le pire, à en croire les spécialistes croisés à la Games Convention de Leipzig.

Indice du flirt poussé entre les deux mondes: la présence mercredi sur le site du plus grand salon européen du jeu vidéo du Mexicain Guillermo del Toro, auteur entre autres du «Labyrinthe de Pan», en compétition au Festival de Cannes en 2006. Objectif du réalisateur: présenter son dernier opus, «Hellboy II». Mais la leçon de cinéma a vite tourné au débat sur le jeu vidéo.

Et le cinéaste, joueur invétéré, ne s'est pas montré tendre, estimant que la plupart des jeux vidéo inspirés de succès cinématographiques relevaient de «la série B».

Verdict similaire de Robert Glashüttner, journaliste spécialisé et joueur émérite, entre autres vice-champion du monde du jeu Pacman.

«Lorsqu'un jeu vidéo est tiré d'un film, le plus souvent ce qui compte, c'est de renforcer une marque rentable, par exemple "Harry Potter". Le jeu lui-même et sa qualité passent au second plan», juge-t-il.

Le succès commercial facile n'est pas toujours au rendez-vous: «Dans le cas du film "Matrix", énorme succès en salles, le premier jeu sorti n'a eu qu'un accueil mitigé. Pourtant les producteurs ont tenté d'allécher les joueurs en assurant que certaines énigmes du film s'expliquaient dans le jeu», poursuit le spécialiste.

René Meyer, plus grand collectionneur au monde de consoles de jeux et auteur de nombreux ouvrages sur cet univers, a un autre exemple: «Après l'énorme succès commercial du film "E.T.", la société Atari a bâclé en quelques semaines un jeu, qui n'a pas bien marché. Et a mené le studio au bord de la faillite.»

Robert Glashüttner voit pourtant des exceptions: «Le héros de cinéma James Bond a inspiré en 1997 un excellent jeu baptisé "Goldeneye", qui a fait un carton.»

Si le cinéma inspire les créateurs de jeux vidéo, l'inverse est également vrai, à savoir le tournage de films se basant sur des univers virtuels. L'exemple le plus marquant est le jeu «Lara Croft», qui a connu un grand succès en salles avec Angelina Jolie dans le rôle de la pulpeuse guerrière éponyme.

Mais régulièrement, le genre donne naissance à de parfaits navets, selon les amateurs.

«Le réalisateur allemand Uwe Boll par exemple produit inlassablement des adaptations de jeux vidéo plus mauvaises les unes que les autres», raconte ainsi René Meyer.

Uwe Boll est considéré par certains critiques comme «l'un des plus mauvais réalisateurs vivants» avec notamment son film de morts-vivants grand-guignolesque «House of the dead», basé sur un jeu de tir. Sur internet, une pétition l'appelant à arrêter de tourner recueille des signatures par milliers.

Mais le réalisateur persiste et s'attaque désormais à l'adaptation du jeu «Far Cry», avec l'acteur allemand Till Schweiger.

Il convoitait également les droits d'adaptation de «World of Warcraft», jeu en ligne à l'ambiance de conte médiéval, et phénomène de société avec ses quelque 10 millions d'abonnés.

«Sûrement pas vous!», aurait répondu le studio créateur du jeu, Blizzard, qui a préféré signer avec la société Legendary Pictures.

Car malgré les écueils, les projets cinématographiques basés sur des jeux vidéo continuent à fleurir. Le projet le plus attendu du moment est l'adaptation pour grand écran du jeu d'aventures orientalisant «Prince of Persia», considéré comme un classique.

Le casting évoqué est imposant, avec des pointures du cinéma américain comme Ben Kingsley («Gandhi») et Jake Gyllenhaal («Brokeback Mountain»).