La fusion entre Vivendi Games, la filiale jeux vidéo du groupe français de médias et de télécoms, et l'éditeur américain Activision a été entérinée, donnant naissance au numéro un mondial du secteur, Activision Blizzard.

Les actionnaires d'Activision ont approuvé la fusion et l'opération sera finalisée dans les heures qui viennent, a indiqué mercredi à l'AFP un porte-parole de Vivendi.Le nouvel ensemble de six mille salariés dont le groupe français détient 54% du capital va détrôner l'américain Electronic Arts avec un chiffre d'affaires de 3,8 milliards de dollars sur la base des ventes 2007, contre 3,5 milliards pour son concurrent.

C'est donc un géant qui émerge, fort du rapprochement entre deux groupes aux profils complémentaires, et affiche des objectifs ambitieux.

Vivendi Games est connu pour son très populaire jeu de rôle en ligne «World of Warcraft» (WoW), qui a conquis 10,7 millions de joueurs depuis son lancement fin 2004.

Avec ce jeu, développé par le studio américain Blizzard, Vivendi Games «a remporté le jackpot», souligne Laurent Michaud, analyste de l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe, sans oublier d'autres «licences puissantes, telles que Diablo ou Starcraft».

Il y a quelques années, cette filiale enregistrait pourtant de lourdes pertes et Vivendi s'était mis en quête d'un repreneur. Aujourd'hui, elle est valorisée à 8,1 milliards de dollars grâce au succès de WoW, qui représente 85% des ventes de Vivendi Games. Un redressement spectaculaire.

En revanche, Sierra, l'unité de Vivendi Games spécialisée dans les jeux pour consoles, n'affiche pas la même réussite. Déficitaire l'an dernier, elle souhaite «revenir à l'équilibre» cette année, affirme Thomas Painçon, directeur marketing de Vivendi Games France.

Le rapprochement avec Activision va donc permettre à Vivendi Games d'enclencher la vitesse supérieure dans ce segment très dynamique.

Le groupe américain dispose pour sa part de plusieurs marques multimillionnaires, très grand public, comme le jeu musical «Guitar Hero» ou encore «Spiderman», et d'autres qui s'adressent plus aux passionnés, comme le jeu de tir «Call of duty».

Hormis «le domaine du sport, où Electronic Arts domine», Activision Blizzard est donc promis à une belle hégémonie, «sur toutes les plateformes: PC, consoles et même téléphone mobile, où Vivendi est présent», estime M. Michaud.

«Nous avons là la première "major" de cette nouvelle phase de consolidation avec des synergies très fortes» entre les jeux vidéo et les autres médias, notamment la musique, ajoute-t-il.

Face à ce nouveau poids lourd, Electronic Arts, qui tente de racheter depuis plusieurs mois son rival Take-Two, éditeur du best-seller mondial «Grand Theft Auto», ne «va pas rester inactif»: «il devra réagir car il entend préserver son leadership», assure l'analyste.

 

Quant au français Ubisoft, qui s'apprête à franchir le cap du milliard d'euros de chiffre d'affaires, il fait presque figure de petit poucet à côté, mais ne devrait pas rester longtemps étranger au mouvement.