Le japonais Nintendo lance dimanche aux États-Unis sa nouvelle console de jeux de salon «Wii», qui affiche l'ambition d'«abattre le mur qui sépare les joueurs de jeux vidéos du reste du monde» en amusant les familles entières et en séduisant un nouveau public.

Le japonais Nintendo lance dimanche aux États-Unis sa nouvelle console de jeux de salon «Wii», qui affiche l'ambition d'«abattre le mur qui sépare les joueurs de jeux vidéos du reste du monde» en amusant les familles entières et en séduisant un nouveau public.

Comme à son habitude, le père des GameBoy lance sa console aux États-Unis plusieurs jours avant le Japon (2 décembre) et l'Europe (8 décembre).

La Wii, de couleur blanche, arrive presque en même temps que la noire PlayStation 3 (PS3) de Sony, une bête de course haute-définition et ultra-puissante avec un processeur de serveur informatique, qui s'adresse d'abord aux férus de jeux et aux technophiles avertis.

Nintendo, dont la philosophie consiste à proposer des produits ludiques à mettre dans toutes les mains, et notamment celles des enfants, inscrit la Wii dans un registre radicalement différent.

Une différence qui s'exprime notamment par le prix: à 249 euros en Europe, 249,99$ aux États-Unis et 25 000 yens au Japon, la Wii est environ deux fois moins chère que la version de base de la PS3.

«La Wii est un jouet alors que la PlayStation 3 est un centre multimédia pour les amateurs de graphisme léchés», résume Hirokazu Hamamura, le patron d'Enterbrain, une société nippone d'études marketing de revues spécialisées.

Avec la Wii, la firme de Kyoto ambitionne de convertir au jeu vidéo des publics a priori rétifs, comme les femmes ou les sexagénaires.

«En anglais, Wii se prononce comme We (nous), ce qui dans notre esprit signifie que cette console s'adresse à tout le monde», explique régulièrement le PDG de Nintendo, Satoru Iwata.

Selon lui, «les jeux sortis récemment sur les consoles de salon sont si complexes qu'il n'est pas possible d'y jouer en famille», et «la Wii va mettre un terme à cette tendance».

Nintendo y est déjà parvenu avec ses consoles portables DS et DS Lite.

Ces machines de poche dont le nom signifie «Dual Screen» (deux écrans) se sont déjà vendues à 27 millions d'unités dans le monde.

«La DS a prouvé qu'avec une bonne interface et de bons programmes, on peut attirer un nouveau public. Cela a ouvert les yeux des gens», explique David Gibson, analyste chez Macquarie Securities.

Le succès de la DS Lite est tel que Nintendo n'arrive pas à produire en quantité suffisante. Depuis la sortie de la DS Lite au Japon en mars dernier, les grandes surfaces spécialisées affichent en permanence «urigire» (épuisé). Elles sont dévalisées au fur et à mesure des arrivages.

Cet engouement tient d'abord au fait que la DS est accompagnée d'une ludothèque tous publics: on y trouve aussi bien les personnages emblématiques et incontournables de Nintendo «Pokemon» et «Mario», que des jeux de rôle ou d'actions et des programmes qui s'adressent aux adultes (outils d'entraînement des méninges, recettes de cuisine, etc.)

La DS est aussi appréciée pour son mode de jeu plus intuitif que les habituels boutons, grâce à un stylet à promener sur un écran tactile.

Nintendo adopte la même approche avec la Wii: diversité des jeux et simplification ergonomique.

Le joueur est invité à reproduire des gestes naturels à l'aide d'une télécommande sans fil («Wiimote») dont les mouvements sont reconnus par la console.

Dans les simulations de tennis, il tient la télécommande comme une raquette et effectue les mêmes coups que sur un court.

«D'habitude, les parents n'aiment pas les jeux. Nous voulons que les parents se disent: puisque c'est la Wii, jouons ensemble», explique le porte-parole de Nintendo Yasuhiro Minagawa.

De surcroît, la machine est équipée d'une connexion à l'internet qui permet d'aller pêcher sur la toile des informations et des anciens jeux dont les trentenaires ont la nostalgie.

Nintendo, dont la première gamme de machine s'appelait déjà «Famicom» (ordinateur des familles), espère vendre 4 millions de Wii dans le monde d'ici fin décembre 2006 et 6 millions d'ici mars 2007.