Après des années de «course aux armements» pour attirer un public de passionnés, le secteur des jeux vidéo réfléchit à la conquête de nouveaux marchés dont l'une des clés pourrait être la simplicité, comme l'a montré cette semaine le salon E3 de Los Angeles.

Après des années de «course aux armements» pour attirer un public de passionnés, le secteur des jeux vidéo réfléchit à la conquête de nouveaux marchés dont l'une des clés pourrait être la simplicité, comme l'a montré cette semaine le salon E3 de Los Angeles.

Toujours plus beau, plus rapide, plus puissant: certains des fabricants qui se livrent une bataille sans merci pour séduire les centaines de millions de joueurs à la surface du globe comptent sur les méthodes qui ont fait leurs preuves dans le passé, comme Sony.

Fort des plus de 100 millions de Playstation 2 vendues en moins de six ans, la marque japonaise a montré à l'E3 son successeur Playstation 3, deux fois plus rapide selon elle que sa concurrente directe la Xbox 360 de Microsoft, mais dont le prix, 499 dollars minimum, risque de faire froncer quelques sourcils.

Problème pour Sony, la firme fondée par Bill Gates a tiré la première, et la Xbox 360 (299 dollars) sera déjà sur le marché depuis un an lorsque la PS3 arrivera enfin dans les magasins à la fin de l'année, avec six mois de retard sur son programme initial.

Microsoft a du reste annoncé une nouvelle avancée dans le monde des jeux en réseau avec son service «Live anywhere», qui ambitionne de relier d'ici un an pas moins de six millions de joueurs sur PC, Xbox 360 et téléphones portables.

L'autre japonais, Nintendo, dont la GameCube n'avait jamais réussi à détrôner la PS2 malgré son prix moindre, a adopté une stratégie différente en présentant à l'E3 la «Wii», avec une manette révolutionnaire à infrarouge dotée de détecteurs de mouvements, qui mise sur la simplicité.

Le PDG de Nintendo Satoru Iwata a promis de «faire tomber le mur» entre «ceux qui jouent et ceux qui ne jouent pas», avec l'ambition de conquérir un nouveau public encore peu sensible aux divertissements électroniques.

En effet, les ventes de consoles, de jeux et d'accessoires appréciés par ce que les analystes appellent les «hardcore gamers» (les joueurs les plus passionnés) stagnent depuis quatre ans, alors que le secteur des «jeux simples», puzzles ou casse-briques se jouant sur téléphone portable, a pris son envol.

«Il existe un marché énorme non encore exploité de gens qui n'ont pas encore été atteints par le virus du jeu vidéo», a expliqué Anita Frazier, experte du secteur du divertissement du groupe NPD.

Les acheteurs de jeux vidéo aux États-Unis sont encore à 82% des hommes, mais de plus en plus de femmes jouent avec des membres de leur famille, a-t-elle affirmé: «Les jeux vidéo sont en train d'entrer encore davantage dans les foyers».

Alors que les ventes de consoles, support de jeux sophistiqués, ont connu un pic en 2001 au Japon et n'ont pas évolué depuis, «il faut comprendre que si vous n'avez pas de jeux simples à proposer, vous avez peu de perspectives de croître. Il vous faut des jeux simples, intéressants et différents», a renchéri Hiroshi Kamide, analyste pour le groupe japonais KBC Securities.

Les transactions autour de ces jeux, qui se vendent en ligne, ont atteint un volume «phénoménal», selon Antonio Tambunan, chef d'une société asiatique d'expertise du secteur.

Symptôme de la volonté des fabricants de jeux vidéo d'élargir leur public, ils ont désormais recours à des célébrités n'ayant rien à voir avec eux: les starlettes Paris Hilton et Nicole Richie ont ainsi fait une courte apparition à l'E3, pour vanter deux jeux sur téléphones mobiles.