Après 10 ans d'existence, Twitter reste un drôle d'oiseau dans le secteur technologique, qui peine à accroître son audience et à générer des revenus malgré un statut de pionnier, inventeur d'un nouveau et puissant moyen de communication.

Depuis son lancement, il y a une décennie, le réseau social est devenu un outil indispensable pour les journalistes, activistes, célébrités et autres, mais il peine toujours à s'étendre au-delà de cette sphère de « twittos » dévoués.

Les habitués ne pourraient plus s'en passer, mais l'entreprise californienne a vu sa cote baisser à la Bourse, plusieurs de ses dirigeants quitter le navire, le nombre de ses employés réduit, et depuis sa naissance, elle n'a jamais été bénéficiaire.

Certains analystes estiment que le réseau social va enfin prendre son envol grâce aux candidats à la présidentielle américaine qui utilisent Twitter pour être en contact direct avec les électeurs.

Le premier d'entre eux est le candidat républicain à la Maison-Blanche Donald Trump, considéré par certains comme l'emblème parfait du petit oiseau bleu: « Il n'y a qu'un seul candidat qui vit et respire Twitter, c'est Donald Trump », explique à l'AFP Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research.

« Regardez le résultat: il y a huit semaines, j'aurais dit que les jours de Twitter étaient comptés, mais aujourd'hui je ne dirais plus cela », ajoute-t-il.

« Twitter crée des rois »

M. Chowdhry a tenu à souligner qu'il ne supportait en aucune manière le milliardaire, mais il veut montrer l'efficacité de l'outil Twitter pour ceux qui l'ont adopté: « C'est une entreprise qui a du potentiel. Twitter crée des rois ».

Donald Trump a en effet vu ses adversaires dépenser beaucoup plus que lui dans leurs campagnes, il a même manqué un débat télévisé, mais ses diatribes fréquentes et en temps réel sur Twitter lui valent d'être suivi par près de sept millions d'abonnés.

« Je suis presque sûr que la plupart de ses partisans ne sont pas sur Twitter, mais ils savent ce que dit Trump sur Twitter », souligne Omar Akhtar, un autre analyste pour la firme Altimeter. « Le réseau a une vie au-delà de sa propre plateforme, mais le problème c'est qu'il ne sait pas comment monétiser cette partie ».

« Avoir du succès sur Twitter est un art et c'est très efficace », reprend M. Chowdhry.

Le réseau social aux 320 millions d'abonnés permet d'amplifier son message grâce aux utilisateurs qui peuvent donner un écho énorme aux tweets, en les retweetant par exemple. Il permet aussi d'avoir en temps réel un retour d'informations.

Ainsi, si parfois Trump peut donner l'impression de changer de position sur tel ou tel sujet, on peut voir à travers le prisme des médias sociaux qu'il ne fait qu'adapter son message en fonction des réactions observées sur Twitter, explique Trip Chowdhry.

« Le pire est passé »

Et à mesure que des personnalités influentes comme Donald Trump deviennent des vedettes de Twitter, il y a davantage de chances que leurs abonnés suivent leur exemple.

« Je pense que le pire est passé pour Twitter », estime M. Chowdry.

« Twitter a révolutionné la manière dont nous communiquons. Pour moi c'est devenu comme l'électricité ou le téléphone, c'est vraiment une part de ma vie quotidienne », estime aussi Omar Akhtar.

Twitter a fait « un super boulot » en créant une nouvelle manière de communiquer, mais il semble à présent stagner au lieu d'être devenu omniprésent, tempère de son côté Lou Kerner, de Flight Ventures Company.

« Pour relancer l'intérêt des gens, ils devraient effectuer de profonds changements, mais le problème c'est que vous ne pouvez pas faire de grosses modifications sans prendre de gros risques », souligne-t-il.

En début d'année le réseau social a modifié en profondeur son équipe dirigeante. Le cofondateur Jack Dorsey, poussé dehors en 2008, est revenu prendre le poste de directeur général.

Le jeune entrepreneur de 39 ans estime que parmi les priorités de Twitter pour cette année, il va notamment lui falloir devenir plus intuitif et progresser sur les vidéos en direct.

Le réseau a aussi effectué quelques modifications le mois dernier pour mettre en haut de son fil les « meilleurs » tweets, malgré des protestations. La possibilité de rallonger les messages, pour le moment limités à 140 caractères, a également été ouvertement évoquée.