Le réseau social américain Twitter a de nouveau déçu Wall Street mercredi en annonçant qu'il n'avait pas gagné d'utilisateurs au quatrième trimestre, terminé avec 320 millions d'abonnés, exactement le même niveau que trois mois plus tôt.

Le groupe a en outre dévoilé un objectif de chiffre d'affaires pour le trimestre en cours en dessous des attentes du marché: il table sur seulement 595 à 610 millions de dollars, quand les analystes espéraient en moyenne jusqu'ici 629 millions. L'action Twitter était lourdement sanctionnée à la Bourse de New York, où elle perdait plus de 9% vers 16 h 30 dans les échanges électroniques suivant la clôture.

Twitter ajoute l'option des «meilleurs» tweets

Avant la publication mercredi soir de ses résultats trimestriels, le réseau social Twitter tente à nouveau de séduire un plus large public avec l'annonce d'une modification de la présentation du flux de messages vus par ses utilisateurs.

«À partir d'aujourd'hui, vous pouvez choisir une nouvelle option pour le fil de messages qui vous aide à rattraper les tweets les plus importants des personnes que vous suivez», après une période de non-consultation, annonce Twitter sur son blogue officiel.

Concrètement, quand un utilisateur se reconnectera sur le réseau après une période d'absence, Twitter lui proposera de présenter tout en haut de son fil de messages une sélection personnalisée réunissant les publications récentes susceptibles de l'intéresser et qu'il a pu manquer.

Juste en dessous, on retrouvera le fil habituel, où les tweets des comptes suivis apparaissent sans tri, en temps réel et par ordre chronologique décroissant. Ce fil en temps réel reprendra la priorité dès que l'utilisateur appuiera sur le bouton rafraîchir, précise Twitter.

Le réseau social, qui ne dégage toujours pas de bénéfices, assure que les utilisateurs pourront aisément désactiver la fonction si elle ne leur plaît pas, mais que ceux qui l'ont déjà testée «ont tendance à retweeter et tweeter davantage, ce qui est bon pour tout le monde».

RIPTwitter

La modification est relativement modeste comparée aux rumeurs de réorganisation de l'intégralité du flux de messages qui avaient circulé en fin de semaine dernière. On évoquait un renoncement total à l'ordre chronologique inversé au profit d'un classement algorithmique des tweets selon leur intérêt supposé pour le lecteur, un peu sur le modèle de ce que propose le réseau social rival Facebook.

L'abandon éventuel du flux en temps réel, qui constitue une caractéristique de Twitter depuis sa création, avait provoqué l'effroi de beaucoup d'utilisateurs, le mot clé RIPTwitter (Repose en paix Twitter) devenant même l'un des plus utilisés sur le réseau.

Cela avait pris tant d'ampleur que le patron-fondateur de Twitter, Jack Dorsey, avait fini par assurer durant le week-end sur son compte personnel n'avoir «jamais prévu de réordonner les flux de messages la semaine prochaine».

«J'aime le temps réel. Nous aimons la diffusion en direct. C'est nous. Et nous allons continuer de la peaufiner pour rendre Twitter plus, et pas moins, en direct!», ajoutait-il.

La levée de boucliers est symbolique du dilemme actuel du réseau social, qui est condamné à modifier son produit s'il veut séduire un plus large public, mais qui prend ainsi le risque de s'aliéner ses plus fidèles utilisateurs.

Mais Twitter n'a pas vraiment le choix. Après l'espoir initialement suscité par le retour aux manettes l'an dernier de Jack Dorsey, les investisseurs recommencent sérieusement à s'impatienter face à des progrès trop lents à leur goût.

L'action Twitter a encore touché mardi un nouveau plus bas historique, à 14,40 dollars en clôture, faisant passer pour la première fois la valeur estimée de l'entreprise sous la barre des 10 milliards de dollars. Le titre a perdu 80% de sa valeur depuis ses sommets de décembre 2013, juste après l'introduction en Bourse, et 38% rien que depuis le début d'année.

Et les problèmes du réseau social ont encore semblé s'intensifier récemment avec le départ en masse d'une série de hauts responsables exécutifs.

Les résultats du quatrième trimestre, attendus après la clôture de Wall Street vers 17h00, devraient confirmer que Twitter continue de relativement bien monétiser son service, même s'il reste jusqu'ici incapable de dégager des bénéfices.

Les analystes attendent en moyenne un chiffre d'affaires trimestriel de 710 millions de dollars, ce qui représenterait une croissance de 48% sur un an.

Mais l'essentiel de l'attention va se concentrer sur l'évolution du nombre d'utilisateurs et la stratégie envisagée pour augmenter leur nombre et leur engagement.

Twitter revendiquait 320 millions d'utilisateurs à la fin du troisième trimestre, seulement 4 millions de plus que trois mois plus tôt.