Pour poser un carrelage ou bien utiliser un fond de teint, les internautes se dirigent de plus en plus vers les plateformes de vidéos en ligne et leurs milliers de tutoriels vidéos, au point que les marques proposent désormais leurs propres «tutos» pour mettre leurs produits en valeur.

Selon une étude du géant de l'internet Google diffusée lundi, «la vidéo en ligne est devenue la solution par défaut pour les moments d'apprentissage», faisant de YouTube l'une des plus grandes salles de classe au monde.

La moitié des internautes français va sur la plateforme de vidéos en ligne de Google pour «comprendre comment faire quelque chose», indique l'étude réalisée conjointement avec l'institut de sondages Ipsos. Le chiffre monte même à 72% pour les consommateurs en ligne de moins de 35 ans.

Avec une audience estimée à 1 milliard d'utilisateurs sur cette plateforme, les marques voient donc l'opportunité «d'atteindre plus de clients potentiels si elles adaptent leur contenu de marque à ces temps d'apprentissage», renchérit l'étude intitulée «Les moments qui comptent».

Décidées à ne pas laisser le monopole des «tutos» et ses bénéfices en termes de notoriété aux «YouTubeurs» vedettes, certaines marques comme Leroy Merlin dans le bricolage ou encore L'Oréal dans les cosmétiques sont passées à l'attaque pour produire leurs propres contenus pédagogiques.

«On produit ces contenus pour être pertinent et référent sur les questions que se posent les gens», indique à l'AFP Christian Mairesse, responsable de la communication de Leroy Merlin, qui peut se targuer, avec 250 tutoriels vidéos réalisés depuis 2011 (dont 70-80 vidéos rien qu'en 2014), de faire partie des pionniers dans ce domaine.

Avec une équipe de 6 à 7 personnes dont une dédiée à plein-temps, Leroy Merlin consacre «environ 10 000 euros» pour la production d'un tutoriel vidéo. Après avoir identifié les sujets les plus demandés par les clients puis confié la rédaction du cours à un journaliste, la production vidéo est sous-traitée à un prestataire extérieur.

«Reconnaissance»

Avec 300 heures de vidéos postées chaque minute sur YouTube et le flot croissant de publicités sur les réseaux sociaux, les marques sont contraintes d'apporter du contenu à forte valeur ajoutée pour se différencier et espérer capter l'attention des internautes.

«Plus vous mettez du contenu qui intéresse les internautes, plus ils vont vous suivre et s'abonner à vos chaînes», explique à l'AFP Sébastien Perron, responsable des partenariats YouTube France.

Et la formule semble bien marcher. L'enseigne de bricolage Leroy Merlin a ainsi généré «15 millions de vues sur l'année» alors que son tutoriel le plus populaire, «Comment poser un parquet flottant», approche le million de vues.

Au-delà de la visibilité, le tutoriel permet surtout à la marque de nouer une relation de confiance avec le consommateur ainsi que de la «reconnaissance pour le service rendu», remarque à l'AFP Clément Pellerin, consultant spécialiste des réseaux sociaux.

«Cela ne va pas déboucher sur des ventes illico mais le consommateur peut se dire : 'Dans la vidéo la personne qui a appliqué le rouge à lèvres était jolie donc je ne vais pas prendre de risque, je vais prendre le même produit'», explique-t-il.

En donnant un cours, les marques ont en effet l'occasion de mettre en scène leurs propres produits et ainsi orienter le choix du consommateur.

Dans ses «tutos» coiffure, L'Oréal n'hésite pas par exemple à glisser dans un coin de la vidéo un lien permettant d'acheter directement en ligne le produit mis en scène, tandis que Castorama détaille dans la description de son tutoriel les produits de sa gamme qui ont été utilisés.

Selon une étude similaire de Google consacrée en avril au marché nord-américain, prés d'un «millenial» sur trois - cette génération de 20 à 35 ans passée à l'âge adulte avec le nouveau millénaire - déclare avoir acheté un produit après avoir vu un tutoriel vidéo.