L'explosion d'Internet n'aurait jamais été possible sans une philosophie défendant la libre circulation absolue des idées. Une philosophie destinée à servir la collectivité plutôt que l'individu. Or cette philosophie en phase avec la gauche suppose l'effacement de l'État... un idéal plutôt de droite.

Le rédacteur en chef de la revue française InternetActu, Hubert Guillaud, résume ainsi le dilemme qui déchire depuis les années 1990 les « techno-enthousiastes ». La liberté qu'ils défendent a été le moteur autant de Wikipédia que de Wikileaks ou du logiciel libre. Mais le résultat négatif, dit-il, c'est un discours anti-institutions « qui ne valorise que la liberté individuelle au détriment des libertés collectives ». Ce qui a produit un entrepreneuriat largement masculin, jeune, diplômé et fortuné, soit tout à l'inverse de la philosophie égalitaire du début...

Certes, nuance Guillaud, la technologie a créé une « égalité de l'accès », mais l'erreur a été de croire en ceux qui ont brandi la technologie comme une solution à tous les maux, alors que les solutions sont plutôt politiques ou sociales.