La guerre de la vidéo en direct sur les réseaux sociaux est officiellement ouverte: Twitter a lancé jeudi sa propre application, Periscope, espérant contrer l'essor fulgurant de Meerkat qui peut pour sa part compter sur de nouveaux alliés financiers.

Periscope a fait son entrée jeudi matin dans l'App Store, la boutique en ligne d'applications pour l'iPhone d'Apple.

L'application permet des vidéos depuis son téléphone intelligent et de les diffuser en direct en «streaming» à un large public sur Twitter, sans passer par l'intermédiaire d'un hébergement préalable sur d'autres services comme Dailymotion ou YouTube (filiale de Google) par exemple.

Les créateurs de Periscope ont souligné dans un blogue son important potentiel, faisant notamment valoir qu'elle pouvait permettre à n'importe quel utilisateur de téléphone intelligent de montrer ce qui se passe dans le monde. «Et si on pouvait voir à travers les yeux d'un manifestant en Ukraine? Ou regarder le lever du soleil depuis une montgolfière en Cappadoce? Cela peut sembler fou, mais nous voulions construire la chose la plus proche possible de la téléportation», écrivent-ils.

Periscope repose sur le même principe que Meerkat, une autre application sortie en février et qui a connu un succès instantané. Elle s'est  fait remarquer notamment au festival South by Southwest d'Austin au Texas, où se produisaient des musiciens et artistes du monde entier, et a séduit rapidement journalistes, hommes politiques et vedettes des réseaux sociaux.

Le site d'informations technologiques TechCrunch a décrit Meerkat comme «l'application de streaming vidéo en direct que Twitter aurait dû concevoir», et le réseau social n'a d'ailleurs pas tardé à réagir: il y a une dizaine de jours, il rachetait la startup Bounty Labs, créatrice de Periscope qui à l'époque était encore seulement en phase de test et sans date de lancement officiel annoncée. Twitter a aussi supprimé l'accès de Meerkat à certaines options de son réseau, ce qui pourrait limiter sa croissance.

Meerkat lève des fonds 

Loin de laisser la vedette à son nouveau concurrent, Meerkat a justement choisi de son côté d'officialiser jeudi une nouvelle collecte de fonds.

Son fondateur Ben Rubin a annoncé, dans une vidéo sur Meerkat, avoir bouclé un nouveau tour de table de 14 millions de dollars.

Dans la liste d'investisseurs, emmenés par le fonds Greylock Partners, figurent une série d'investisseurs de capital-risque comme Sound Ventures, financé notamment par l'acteur américain Ashton Kutcher.

On y retrouve aussi un bras d'investissement du groupe de câble et de médias Comcast (Comcast Ventures), la maison de disques Universal Music Group (groupe Vivendi), l'agence de représentants d'artistes de Beverly Hills UTA, ou encore des personnalités que Meerkat décrit dans un blogue comme des «amis», tels l'acteur Jared Leto ou le co-fondateur de YouTube Chad Hurley.

Ben Rubin a parallèlement relativisé le danger représenté par Periscope, le décrivant comme «un très beau produit» et se disant persuadé qu'il y avait suffisamment de place pour plusieurs acteurs sur le marché de la vidéo en direct.

Un avis également affiché par Josh Elman, partenaire dans la société d'investissements Greylock. «Nous avons l'impression d'être à l'aube d'une nouvelle ère pour la vidéo en direct», a-t-il commenté, et «il ne s'agit pas de concurrence, il s'agit de cet énorme gâteau» en train de se créer et où «il y a de la place pour plusieurs gagnants», a-t-il affirmé.