Le géant américain de l'internet Google est «le principal attribut de la puissance américaine», a estimé jeudi le patron de l'opérateur de télécommunications Orange, Stéphane Richard.

«Au-delà de la force de Google et de sa technologie (...) qui est irrattrapable, il y a quelque chose de très politique», dans la dominance de Google dans le numérique, a souligné le PDG de l'opérateur français au cours du Sommet de l'Économie, organisé à Paris.

«Google aujourd'hui est le principal attribut de la puissance américaine, alors qu'il y a vingt ans c'était peut-être les industries de l'armement, avec Boeing», a-t-il poursuivi au cours de la table ronde «À quand un Google français?».

«À cette puissance fait écho la faiblesse de l'Europe, atomisée, qui n'a pas de politique unifiée en matière de digital», a déploré le responsable appelant à un régulateur des télécoms et de la concurrence unique pour l'UE.

L'Union européenne est «un espace avec 28 pays, 28 régulateurs, qui est aussi un gruyère sur le plan fiscal. Pour Google, l'Europe est une passoire», a-t-il souligné.

Estimant que l'avance technologique du géant américain n'était plus rattrapable, Stéphane Richard a estimé cependant qu'il y avait «plein de domaines où l'Europe peut jouer une carte décisive au niveau mondial», notamment les objets connectés, le paiement mobile ou la robotique.

Google, qui a notamment une part de marché de plus de 90% dans les moteurs de recherche en Europe, fait l'objet d'une pression croissante en Europe après l'adoption d'une résolution symbolique au Parlement européen appelant à son démantèlement.

Le ministre des Finances britannique Georges Osborne a annoncé mercredi une nouvelle taxe de 25% sur les multinationales qui cherchent actuellement à échapper à l'impôt avec des montages fiscaux complexes, un dispositif baptisé «Google tax» même si elle ne vise pas seulement le géant américain.