Le Parlement européen débattait mercredi sur une résolution proposant rien moins que le démantèlement du géant américain de l'internet Google, une proposition avant tout symbolique mais qui suscite l'inquiétude des États-Unis.

La résolution, qui était débattue mercredi soir, sera mise au vote jeudi.

Il s'agit d'un texte non contraignant, comme le Parlement européen en adopte des dizaines chaque année pour porter certains sujets à l'attention de la Commission européenne, qui détient le monopole de l'initiative législative en Europe.

La résolution est défendue par deux parlementaires, l'Allemand Andreas Schwab (PPE, droite) et l'Espagnol Ramon Tremosa i Balcells (ADLE, libéraux), qui dénoncent depuis plusieurs années ce qu'ils considèrent comme les visées hégémoniques de Google.

Si le nom du géant américain n'est jamais cité dans cette «résolution pour la défense des droits des consommateurs sur le marché numérique», la cible est claire. «Nous voulons donner un signal fort à la Commission européenne mais aussi à des entreprises américaines comme Google et enfin au citoyen», a expliqué l'eurodéputé socialiste belge Marc Tarabella.

La résolution «appelle la Commission à envisager des propositions afin de séparer les moteurs de recherche des autres services commerciaux, comme une possible solution de long terme», ce qui reviendrait dans les faits à démanteler une entreprise comme Google.

Les États-Unis ont fait part de leur «préoccupation», par la voix du porte-parole de la Mission américaine auprès de l'UE. «Nous respectons le processus de mise en oeuvre des règles de concurrence dans l'UE et ne voulons pas préjuger de l'issue des dossiers en cours, mais il est important que l'identification d'entraves à la concurrence et de remèdes possibles soit fondée sur des conclusions objectives et impartiales et ne soit pas politisée», a-t-il mis en garde.

La Commission a ouvert une enquête en novembre 2010 visant Google pour abus de position dominante. Le géant américain se voit reprocher principalement de mettre en avant sur ses pages ses propres services spécialisés, au détriment des moteurs de recherche concurrents, par exemple des comparateurs de prix comme Kelkoo ou des sites spécialisés dans les voyages comme Expedia.

La Commission a déjà retoqué par trois fois les propositions de solutions avancées par Google.

La nouvelle commissaire chargée de la Concurrence, Margrethe Vestager, a expliqué début novembre qu'elle aurait «besoin de temps avant de décider des prochaines étapes» dans cette affaire.