Plus de 10 000 Hongrois ont manifesté dimanche à Budapest pour exiger le retrait d'un projet du gouvernement du premier ministre Viktor Orban de taxer l'utilisation d'internet, une mesure destinée à renflouer les caisses de l'État que ses détracteurs considèrent comme antidémocratique.

«Si la taxe n'est pas retirée dans les 48 heures, nous reviendrons», a déclaré à la foule l'un des organisateurs, Balazs Gulyas.

Rassemblée devant le ministère de l'Économie, la foule a brandi des pancartes avec les inscriptions: «WiFi libre!, internet libre!, Hongrie libre!».

Le projet de taxe annoncé mardi dernier par le ministre de l'Économie prévoit un prélèvement de 150 forints (0,70 $) par gigaoctet transféré. Le ministre a affirmé que cette taxe était nécessaire pour combler les trous dans le budget 2015 de la Hongrie, l'un des pays membres de l'Union européenne les plus endettés.

Il a également affirmé que cette taxe était juste car elle compensait le basculement des consommateurs vers internet au détriment des lignes de téléphone traditionnelles.

Les organisateurs ont déclaré à l'AFP que selon eux cette taxe visait en réalité à restreindre les critiques contre le gouvernement de M. Orban - souvent accusé d'autoritarisme - qui s'expriment principalement dans les médias en ligne.

Les détracteurs de cette taxe craignent aussi ses effets négatifs pour les petits entrepreneurs et l'accès à l'information et à l'éducation dans les régions pauvres.

«C'est une idée rétrograde, quand la majorité des pays s'efforcent de faciliter l'accès de la population à internet», a déclaré à l'AFP Judit Nagy-Korsa, 55 ans.

Le projet de taxe a été critiqué à Bruxelles: Neelie Kroes, la commissaire européenne responsable des nouvelles technologies, a estimé, dans un tweet, que cette taxe était «une honte pour les utilisateurs et une honte pour le gouvernement hongrois».